Chimène
“Si tu avais pris le bus…”. Leitmotiv paternel. Sentence martelée.
Je n’ai pas pris le bus. Il ne pleuvait pas et j’avais envie de marcher le long du canal, la tête emplie de livres, de sourires, de poèmes. Je hais les fins d’après-midi dominical, les parents qui rentrent de leurs activités et veulent à tout prix partager en famille. Mon père n’a que les auteurs français du XIXe siècle à la bouche. “Tant que tu n’as pas lu Flaubert, tu ne sais rien de la littérature…”
Au Poetik Bazar, j’avais flippé grave devant les étals. J’adore la poésie. À l’école primaire, monsieur Fiévet nous lisait chaque jour un texte de Jacques Prévert, Maurice Carême, Andrée Chédid… et puis il disait “écoutez votre voix intérieure, et on écrivait ou découpait des morceaux de poèmes qu’on collait sur de grandes feuilles pour les placarder partout dans l’école. Pour lui, nous étions les enfants de la langue française, un bel oiseau migrateur qui avait fait son nid dans plein de pays, au point d’oublier d’où il s’était envolé. La poésie n’a pas de frontières, disait-il, c’est une musique venue du ventre.
Mes parents ne s’intéressent pas à la poésie, même pas ma mère, qui pourtant vit dans les livres. Dans les livres… L’expression évoque des piles, des rangements, des codes… Maman, maniaque, doit performer dans le classement des volumes, mais question conseils de lecture, je doute qu’elle soit top. Une bibliothécaire shootée aux magazines, c’est aussi rare qu’un saucisson dans une communauté vegan…
Dans le parc Maximilien, un gars faisait des tractions à une barre. J’ai tourné la tête et il était là, accroupi devant un adolescent au genou ensanglanté. L’homme au bonnet vert et jaune nettoyait la plaie avec un mouchoir mouillé.
— Tu ne t’es pas raté, mon gars, mais on va arranger ça…
L’ado me regardait. C’est quoi cette meuf, semblaient dire ses yeux. Le bonnet jaune et vert s’est retourné. Corps immense de basketteur NBA. Clin d’œil et sourire, immense lui aussi.
— Vous n’auriez pas un mouchoir propre par hasard?
Sa voix basse vibrante m’a ramenée sur terre. Je ne m’attendais pas à ce qu’il parle notre langue.
— Je… J’ai mieux…
J’ai extirpé de mon sac la pochette “premiers soins” de ma mère. Le bonnet jaune et vert a pris une fiole de désinfectant, une compresse et un pansement stérile.
— Tu es verni, mon gars… Merci Mademoiselle.
Français presque dépourvu d’accent. Les longs doigts ont pansé le genou du gamin, qui a clopiné vers ses copains.
— Je m’appelle Koffi. Et vous?
— Chi…mène.
Je m’attendais à la réplique habituelle, “comme Chimène Badi”, ou cultureuse et plus rare, “comme dans le Cid”. Mais rien n’est venu, qu’un nouveau sourire, tout blanc dans le noir du visage. Sa bouteille d’eau à la main, il se balançait d’un pied sur l’autre. Je l’imaginais bien en maillot des Bulls ou des Lakers. Il s’est assis sur le banc et je me suis installée à ses côtés sans réfléchir, naturellement. Et on a parlé, naturellement, comme si on habitait le même quartier depuis l’enfance, même si je n’ai jamais eu de quartier. Notre rue à Waterloo ignorait tout des enfants ou des ados dans ses maisons. On sortait pour s’engouffrer dans la voiture vers l’école, la piscine ou la bibliothèque. Parfois un geste ou quelques mots criés au-dessus d’une haie…
Koffi n’a pas ri. “Merci Chimène…”. De longues mains aux ongles presque roses. Koffi Samparé… Médecin à Mopti, dans le Nord, en bordure du Sahel, il avait dû fuir pour échapper aux islamistes. S’occuper des femmes, surtout des femmes violées, mutilées, cassées par les mercenaires ou leur mari, combattre les pratiques ancestrales, l’excision, c’est suffisant pour avoir la gorge tranchée à la machette. Un médecin… Pas étonnant qu’il se soit occupé du genou. Je ne sais plus trop comment on s’est retrouvés dans le train vers Waterloo, avec son vieux sac à dos et son training usé, à parler du Mali, de son arrivée à Bruxelles, des files interminables devant l’Office des Étrangers. Cela bourdonnait dans mes oreilles, un essaim d’abeilles. Les mots de Koffi avaient le goût du miel.
L’après-midi s’allongeait dans la clarté gris bleu précédent le vrai crépuscule. Mes parents, rentrés de leur balade en forêt, buvaient du porto dans le salon éclairé par des lampes d’appoint soigneusement disposées. La fin du dimanche comme je les exècre.
En apercevant Koffi, mon père est resté figé, le verre au bord des lèvres. La Vierge Marie ne l’aurait pas choqué davantage. Ma mère a relevé la tête de son magazine et cherché le regard de son époux. Pur réflexe pavlovien.
— Papa, Maman, voici Koffi Samparé… Il arrive du Mali et n’a pas d’endroit pour passer la nuit. Comme nous avons deux chambres libres, je lui ai proposé de le loger le temps de régulariser sa présence…
— …
Silence monastique. Mon père a quand même réussi à poser son verre sur la table avant de se lever de son fauteuil.
— Chimène, je peux te parler un moment…
Je l’ai suivi dans la cuisine.
— Tu es folle ou quoi? Qu’est-ce qui t’a pris?
La sentence était déjà prononcée. Cet “Africain” n’avait rien à faire dans la maison. Il s’est radouci un peu quand il a entendu le mot “médecin”, comme si ce titre le rendait acceptable, pour “quelque temps”, et sous mon entière responsabilité, à la condition expresse que je me tiendrais à bonne distance… Et pas question de troubler la tranquillité de la maison. L’homme quitterait la maison le matin et ne rentrerait que le soir. Entretemps, il n’avait qu’à faire la file pour obtenir le droit d’asile.
— La Belgique n’est pas un moulin, ma fille… Heureusement qu’il parle français sinon je l’aurais laissé dehors!
Merci mon Dieu, pour cette langue française essaimée en Afrique et capable de dégeler un cœur de pierre! J’ai installé Koffi sous le faîte du toit. Une mansarde plutôt spacieuse, hypothétique salle de musculation, qui s’était retrouvée équipée d’un lit, d’une table, d’une chaise et d’une armoire bien trop grande pour les hardes de mon nouvel ami. J’avais la sensation d’accueillir un cousin éloigné, dont ma famille ne m’aurait pas parlé, un presque frère…
Après la douche, Koffi semblait métamorphosé. Il avait revêtu son unique pantalon en toile et une chemise à carreaux chiffonnée. Sa peau plutôt brun foncé que noire brillait sous les leds. Chez les Dessembre, le dimanche soir, on dîne d’une salade et d’un bout de fromage.
— Ainsi vous êtes médecin…
— Oui, monsieur, j’ai eu la chance de faire des études à Bamako, puis j’ai eu une bourse pour la France, je suis resté trois années à La Salpêtrière à Paris avant de rentrer au Mali…
— Mais vous revoilà… Et en Belgique…
Koffi n’a pas cessé de sourire. Les larmes, il en a suffisamment versé. Ses parents et sa sœur sont morts, une nuit où il veillait une femme prête à accoucher. Une bande de militaires avaient incendié trois maisons, dont la sienne. Quand il était rentré, il ne restait rien, pas même le plus petit souvenir. Des bois calcinés et une couche de cendres… Il en avait rempli un petit sac en peau de chèvre et avait pris la route vers la mer, avec l’intention de gagner la France, mais il avait vite compris que le choix ne lui appartenait plus. Payer, toujours payer, sans gage que la parole serait tenue. À Bruxelles, la galère a continué. Impossible de se faire enregistrer comme demandeur d’asile, impossible de s’expliquer. Apprendre à vivre dans la file, interminable, pour échouer à quelques mètres de la porte. “On dort où on peut, monsieur, dans le parc, dans la rue, parfois dans un parking…”
Maman semblait émue. Elle a même tamponné un œil avec sa serviette, au risque de déranger son maquillage, signe indiscutable d’empathie. Mais mon père est resté plongé dans sa salade. Surtout ne pas donner l’impression qu’il approuve l’attitude de sa fille. Des endroits sont prévus pour l’accueil des candidats réfugiés, la population n’a pas à intervenir. Si chacun commence à suivre sa conscience, on va droit dans le mur. Il ne l’exprime pas avec des mots, mais cela bouillonne dans sa tête. Je suis sûr qu’il cherche comment expulser ce “locataire” indésirable sans entrer en conflit avec sa fille. De toute façon, il est contre cet afflux de soi-disant réfugiés. Houellebecq a raison dans son roman, ils vont nous étouffer. Un fois qu’ils investissent un quartier, ils imposent leur culture, leurs pratiques rétrogrades. Et baragouiner le français n’est pas un sésame-ouvre-moi-les bras. Bruxelles, ville multiculturelle, c’est du délire et dans les hautes sphères, personne n’y croit, mais on joue le jeu. Pas question de réagir, ce ne serait pas politiquement correct. Personne n’a envie de passer pour un populiste. Pauvre Belgique… Je ne vois pas les yeux de mon père, mais je déchiffre ses pensées dans le cliquetis nerveux du couteau et de la fourchette.
Néanmoins, nonobstant cette tension palpable, le repas s’est bien passé. Koffi a pu manger, c’est l’essentiel. Il est remonté dans sa chambre et mon père m’a prévenue: pas de promiscuité, pas de circulation nocturne entre les chambres, et le lendemain, il compte intervenir auprès de Fedasil. J’ai dit oui à tout et me suis réfugiée dans ma chambre avec les recueils glanés au Poetik Bazar.
Quand tout a été silencieux dans la maison, j’ai rejoint Koffi. C’est fou, il aime la poésie lui aussi. Il m’a récité des vers de Abdoulaye Ascofaré, un poète que je ne connais même pas de nom. Je me souviens du début du poème: “Emporte mon poème comme tu emportes mes rêves…”. Je l’ai emporté et j’ai rêvé jusqu’à l’aube.
*
Deux semaines: il aura suffi de deux petites semaines pour que l’enfer s’invite à la maison. Mon père a actionné tous les leviers possibles mais rien à faire, même un fonctionnaire du Ministère de la Culture et des Affaires sociales n’a pas tous les pouvoirs. Koffi continue de faire la queue pour obtenir une place en centre d’accueil. Mon père enrage, mais comment pourrait-il invoquer l’urgence alors que le “candidat réfugié” a un logement, chez un ministre… Pour une fois que mon paternel montre l’exemple, c’est à s’étouffer de rire.
Sauf qu’on ne rit pas à Waterloo. C’est pire que la retraite de Russie. Mes parents se bouffent le nez tous les soirs, au point que Koffi n’apparaît plus au repas. Nous mangeons dans la cuisine avant leur retour ou après si nous avons traîné dehors. “Traîner”, c’est le terme employé par mon père, qui n’est pas loin de me considérer comme une “traînée”. Il ne le dit pas mais il le pense très fort. Une jeune fille blanche — sa fille — qui passe son temps avec un “noir”, douze ans plus âgé et sans la moindre perspective d’avenir, c’est quoi? Car le Michael Jordan, il n’aura jamais ses papiers, foi de Brieuc Dessembre! L’aller simple pour le Mali est garanti.
La tension monte de jour en jour. Et encore, mon père ignore le degré d’intimité que nous avons atteint, Koffi et moi. Le genou du gamin est réparé, je suis maintenant la seule patiente du docteur Samparé. Jamais je n’ai plané aussi haut. Dans le train, sur les bancs de la Fac, partout, je pense Koffi, je vis Koffi, je mange Koffi. Il dort dans mon ventre à chaque minute, et la nuit, quand nous nous retrouvons dans la chambre du haut, notre amour traverse le toit pour inonder la voie lactée. Jamais je n’ai été si heureuse. Mon géant d’ébène, fou de littérature, de poésie, comme moi, mon homme aux mains magiques, au rire vrombissant comme un essaim d’abeilles, je ne connais personne qui dégage une telle envie de vivre. Tous les jours dans la queue, il se dévoue pour soigner ses frères, ses sœurs de misère. Je lui ai procuré une trousse avec des médocs, des pansements et tout ce que j’ai pu récupérer dans la pharmacie de maman. Je suis révoltée par l’attitude de mes parents, mais ils sont loin d’être des exceptions. Le sort des réfugiés ne fait plus recette. Ils peuvent camper sur les trottoirs, transparents comme des vitres dernière génération.
Mais je n’aurais pas dû parler à Tamara, ma meilleure amie au jardin d’enfants et maintenant à la fac. Étudier la psycho n’aide pas quand on est amoureuse. Tam a tout raconté à sa mère, qui a tout raconté à la mienne, qui a fait son rapport à mon père à la vitesse 5G. Impossible d’éteindre le brasier…
Quand nous sommes rentrés par le train de 20 h 36, le sac de Koffi était dans le hall. Mon père a jailli de son fauteuil.
-—Espèce de salaud, sale nègre, tu es content de toi? Tu penses que tu as réussi ton coup parce que tu as mis tes sales pattes de primate sur ma fille? On t’ouvre notre porte et tu violes notre enfant?
— Papa, tais-toi! Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis! Je…
Pas eu le temps d’achever, il s’est rué sur Koffi, qui a juste tendu les bras pour le maintenir à distance, mais l’adrénaline, la rage de mon père étaient telles que son cœur a bu la tasse et sans les grandes mains du géant, il se serait écroulé. Ma mère a hurlé.
— Tais-toi, maman, de grâce, appelle les secours…
On a allongé mon père sans connaissance sur le tapis du salon et Koffi s’est mis à le masser en comptant un, deux, trois… un deux trois quatre cinq… Moi j’étais paralysée.
Et puis sirènes, lampes bleues, vestes jaunes, piqûre et défibrillateur…
Et maintenant la salle aux chaises bleues et vertes. Selon la doctoresse, mon père a repris connaissance, on prend soin de lui.
— Il est sauvé? Il va vivre?
— Il faut attendre, mais j’ai bon espoir…
En face de moi, maman me regarde.
— C’est ta faute s’il meurt… Tu te rends compte de ce que tu lui as fait?
Oreilles bouchées de l’intérieur, yeux clos sur le sourire de Koffi, je prie ce Dieu avec qui je ne parle plus depuis longtemps, pour qu’il sauve mon père et mon amour. C’est une occasion de renouer qu’il ne doit pas rater… Je déconne, je sais, mais je funambule au-dessus du vide. Un mot et je tombe… Je voudrais tant pouvoir parler à mon père, lui dire tout ce que je retiens en moi, que je l’aime et qu’il va peut-être mourir de sa haine pour un homme qu’il ne connait pas, un chaman déguisé en toubib, un fou de poésie, un amoureux de la même langue…
Quand on attend, les minutes ont le poids du plomb, une démarche de vieillard pour qui chaque pas engage ce qui lui reste de force. Je prie Dieu pour papa et pour Koffi, je lui dis: Koffi est docteur, je serai psychologue, et nous soignerons les gens autour de nous… C’est pas toi qui as dit: “aime ton prochain comme toi-même… Prends soin de l’autre…”? Koffi a 32 ans, moi 20. Cette différence serait un élément à charge pour le qualifier de pervers, d’abuseur #metoo? Serait-ce seulement la couleur de sa peau?
— Mademoiselle…
La doctoresse. Mon Dieu, il est mort… Je le sais avant d’ouvrir les yeux…
— Votre père est tiré d’affaire… Il a fait un infarctus mais il dort paisiblement, votre mère est près de lui. Vous le verrez demain. On va procéder à des examens approfondis.
Je balbutie “oui, oui”, du coton plein la tête, avec une banderole scintillante “Il est sauvé! Il est sauvé!”.
— Il doit une fière chandelle à l’homme qui l’a massé. Sans lui, son cœur n’aurait jamais redémarré…
Maman semble avoir pris dix ans. Sa coiffure ne lui va pas. Ces cheveux blonds lissés chaque matin jurent avec les rides autour des yeux, de la bouche. Une vieille jeune… Depuis mon entrée au collège, elle n’a cessé de me harceler. Même mes lectures ne lui convenaient pas. Des polars scandinaves où le sang coule à flots ou les horreurs de cette Despentes, dont elle n’a lu que la quatrième de couverture, et ces poètes, toujours ces poètes… Comment cette femme a-t-elle pu choisir de devenir bibliothécaire? Dans une autre époque, elle se serait éclatée à broder des mouchoirs ou à tricoter des chaussettes.
“S’il meurt, c’est ta faute”… Se rappelle-t-elle seulement de ces mots? Le taxi nous débarque devant la maison. Le sac de Koffi a disparu. Une chape froide m’enveloppe, comme si je pénétrais dans un tombeau. Mon père pourrait être mort et nous serions rentrées pour préparer les obsèques, affolées par le chagrin, l’incompréhension…
Maman monte droit à sa chambre, pour téléphoner, me dit-elle, prévenir Solange, la sœur de papa, et Laura, sa propre sœur. Moi aussi, je dois téléphoner. Impossible de joindre Koffi depuis la sortie des Urgences. Une histoire banale, digne d’un téléfilm américain, sauf que dans le scénario, tout se termine bien. Le père est sauvé et le gentil black doctor se voit offrir des papiers et un poste à l’hôpital. Et peut-être même qu’il épouse la jeune fille avec la bénédiction du père contrit et les applaudissements de la mère, et qu’ils font ensemble un bébé café crème qui rend tout le monde gaga… Les films ont besoin d’une fin positive, c’est dans leur ADN. Le public n’aime pas la réalité crue. Il veut bien souffrir, gémir, pleurer mais il doit sortir de la salle avec le sourire et un cœur remis à neuf.
Je me jette sur mon lit. Il est passé minuit et Koffi ne répond pas.
*
Papa est rentré la semaine suivante. Entretemps, j’avais retrouvé Koffi. Son exploit lui a fait remonter toute la file et la préposée lui a déniché une place dans un centre d’accueil, où il pourrait méditer sur son sort, avec la recommandation expresse de ne pas mêler les médias à l’affaire… Il m’envoie des poèmes et moi je pêche des textes dans les recueils du Poetik Bazar parce que je ne sais pas écrire… Les semaines s’étirent. Des élastiques qui s’entremêlent entre les doigts.
À la maison, la vie a repris son rythme de croisière. Personne ne parle du “fameux jour”, même pas Solange, qui a pourtant l’habitude de mettre les pieds dans tous les plats. Mon père doit savoir qu’il doit la vie à un black toubib poète, mais il ne voudra pas le reconnaître. Tant pis, je n’attends rien de lui. L’histoire ne se terminera pas dans le sucre Candy. Parler la langue des poètes, celle de Rimbaud et de Mallarmé ne suffit pas, il faut encore avoir la bonne couleur, le bon drapeau.
Tu n’as rien compris, mon pauvre papa. Ton cœur a les oreillettes en vrille. Comme toi, il appartient à un monde révolu, corseté dans ses rêves de supériorité. Quand Koffi sortira, il m’écrira un slam en français d’amour, avec des mots chauds du soleil malien et je le dirai en battant des pieds sur tous les trottoirs du monde, et basta pour ceux qui ne comprennent pas…