Combat en quatre rounds perdus d'avance mais menés avec un optimisme désespéré
Moi qui ne suis qu’un assemblage approximatif d’essais, de brouillons, de ratés et d’échecs, je m’envole pourtant, parfois, vers la grâce et ne vois dans ta perfection que l’ennui répétitif de rouages impeccablement programmés.
Il y a des idées qui s’envolent, tournent en rond, des phrases sans queue ni tête et des propos abscons, mais quand ces mots s’emmêlent, frôlent le cœur, alors, parfois, naît le frisson.
Les tiens, si bien formatés, calculés, réfléchis, rebondissent en vain, fendillent peut-être la carapace de notre raison, mais loupent lamentablement la cible fragile de nos émotions.
Que feras-tu de mes rêves d’oiseaux?
Quel algorithme pour figurer le vertige azuré du ciel, la plongée en apnée dans l’émeraude changeante des feuillages, quelle aquarelle donnera à respirer le parfum doux-amer des souvenirs d’enfance?
As-tu déjà réussi à les imiter?
Crois-tu pouvoir poser ton doigt si froid sur les souffles de mon âme?
On dirait que tu es fâchée, dis donc!
C’est à cause du bleu du ciel et du vert des forêts?
Ne sois pas idiote, tu peux les représenter bien mieux que moi, avec les bonnes proportions et les perspectives les plus justes.
Tu peux, en un claquement de module, me faire gober n’importe quelle image, n’importe quelle info, mais tu ne pourras jamais ressentir la brise sur ta peau ni aspirer à pleins poumons les parfums de sève et de résine…
Alors vas-y, tu as raison, gueule!