Deux poèmes
Une femme était morte
Ils s’étaient rencontrés sur internet
Et le soir même,
Presque en dépit d’eux-mêmes,
Ils avaient fait l’amour.
D’abord comme deux étrangers
Cyberdélocalisés de l’intimité,
Enfin,
Ainsi que les choses se passent
Dans ces cas-là:
Je te prends,
Et toi,
Le feras-tu?
Avaient-ils pensé à la faute originelle
De leur rencontre cybernétique?
Non,
Car déjà leurs gestes et leur désir
Dépassaient tout entendement.
Le lendemain à l’aube,
Ils apprirent qu’une femme était morte.
Sors-moi d’ici
Ce gros chat lui disputait
Le lit de la jeune fille
Aux yeux noirs.
Il avait imaginé
Le plonger
Dans la cuvette
Des chiottes
Et tirer la chasse,
Mais il est délicat
De maltraiter
Le chouchou
De sa maîtresse.
Une nuit pourtant,
La grosse bête
Castrée
Lui avait atterri
Sur le ventre
Et d’un ton
Suppliant,
Lui avait dit:
“Sors-moi d’ici…
Laisse-moi voir…
Le vaste monde…”