I.A., chiche?
Certes, l’intelligence artificielle est au cœur de nos vies, parfois sans qu’on ne le sache, depuis des années. Voire des dizaines d’années. On rappellera que l’“IA” est un domaine de recherche depuis 1956 et qu’en 1997, Deep Blue battait Gary Kasparov aux échecs.
Mais c’est évidemment l’arrivée d’Open IA et de son modèle ChatGPT qui a transformé un sujet, souvent considéré jusque-là comme de la science-fiction par le grand public, en phénomène mondial capable de transformer notre société, notre économie, voir notre identité et même notre… raison d’être.
Pas un jour, en effet, sans qu’une info autour de l’intelligence artificielle ne nous fasse réfléchir, nous excite ou nous fasse peur. Une boîte internationale de consultance qui estime que trente pour cent des emplois en Europe seront “impactés” par l’IA dans les quinze prochaines années. Des secteurs entiers de l’économie qui pourraient disparaître sous le joug de l’automatisation, des traducteurs aux écrivains en passant par la majorité des métiers administratifs ou… des journalistes. Les profs d’université qui craignent que plus jamais un étudiant ne fasse un travail… seul.
Mais aussi l’IA qui sauvera des vies en développant la médecine de pointe ou l’IA qui libèrera l’homme et la femme de leurs tâches quotidiennes pour permettre de s’élever ou se réinventer.
Évidemment, les questions que pose l’intelligence artificielle sont vertigineuses. Car elles sont sans fin et interrogent tous les aspects de l’humanité. Avec le spectre classique dans la littérature de l’homme dépassé par les machines qu’il a créées. Et beaucoup d’experts estiment que ChatGPT représente une nouvelle révolution “post-industrielle” qui va balayer toutes nos certitudes, à une vitesse prodigieuse. D’ailleurs, dans la plupart des entreprises — c’est aussi le cas au Soir —, on crée des groupes de travail, des séminaires, pour s’approprier cette nouvelle donne qui s’impose à nous.
Nous avons la faiblesse de croire que l’“IA” sera tout simplement… ce que nous en ferons. Comme Internet à l’époque. C’est un outil, puissant, impressionnant, capable d’ouvrir de nouveaux horizons, mais c’est un outil. Ni un monstre, ni un ange. Un outil qu’il faut apprendre à maîtriser, dans tous les sens du terme. Car nous n’aurons sans doute pas le choix. Regarder de loin ChatGPT et ses successeurs et entrer en résistance est sans doute le pire risque à prendre. Celui d’être dépassé par la révolution qui s’annonce.
La phrase de Churchill est peut-être éculée tant elle a été utilisée à tort et à travers, mais elle est pertinente dans ce cas-ci: il faut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge.
Oui, prenons ChatGPT par la main. Oui, pour le métier qui me concerne, prenons ChatGPT pour améliorer le journalisme, pour nous aider à gagner du temps sur des tâches sans valeur ajoutée, pour devenir meilleurs. Un vœu pieux? Un excès de naïveté? Peut-être, mais on gardera quand même notre crédo: le vertige, c’est l’envie de voler, pas la peur de tomber. Même avec ChatGPT.