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Alerte, livre infecté!

— Tu entends ça, Berthe! Encore un bouquin infecté!

— Un bouquin de cul, je te le donne dans le mille.

— Elles ne précisent pas… “Selon une information révélée par MédiaLecte, plusieurs personnes auraient été contaminées en lisant un livre infecté par un, voire plusieurs mots.”

— Genre bite, sodomie, cuni? Ma pauvre Josiane, comme si nous n’étions pas déjà toutes vaccinées, depuis le temps.

— Elles ne précisent pas. “Ces personnes présenteraient des symptômes qui pourraient les amener à la rescolarisation dans les cas les plus sévères”.

— Ça y est, nous voilà revenues dans les années cinquante, rouvrons les hôpitaux psychiatriques pour les obsédées de la chose. Il faut que tu arrêtes de lire Marie-Thérèse, ce magazine est une infection de la pensée féminine. Tu vas finir par me contaminer avec ton menstruel qui fait couler beaucoup d’encre pour rien… Et elles disent quoi d’autre?

— Ah! le livre en question s’intitule Iel était belle-au comme un-e camion-nette.

— Hein? Yaël était ballot comme un nœud de camion net? Mais ça ne veut rien dire.

— Mais attends, Berthe! Ça ne se lit pas à voix haute, c’est à cause de ce qu’ils appellent le langage inclusif. Justement, elles écrivent: “Plusieurs personnes se seraient plaintes d’avoir eu des maux de tête, d’autres carrément des boutons”.

— Fais voir!

— C’est écrit là…

— Pousse ton doigt! “Iel était belle-au comme un-e camion-nette.” Putain! le titre, j’ai déjà besoin d’un doliprane. “Iel n’est autre que Maurice, un-e routier-ère, qui ne veut pas qu’on le-a prenne pour un garçon, ni pour une fille et revendique son genre neutre, à coups de torgnoles à qui ne serait pas d’accord avec ellui.” Oh putain!

— Ça fait deux fois, les gros mots, Berthe. Fais un peu attention, les enfants pourraient t’entendre.

— Ah ouais? Moi j’en ai compté bien plus dans le synopsis. Jésus-Marie-Joseph! Ça te convient mieux là? Comment peut-on lire ça? C’est comme écouter du Mozart à côté d’un marteau-piqueur. Et l’auteur martèle sa neutralité tout le roman, comme ça? Il n’y a plus de musicalité possible dans l’écriture, c’est la mort des poètes. Oh! tiens, moi je ne peux plus en lire davantage.

— Han! “D’après les premières estimations, il faudrait rescolariser la moitié de la population, principalement les plus de 50 ans, présentant des facteurs de risques accrus, ainsi que tous les professionnels de l’éducation.” Il va falloir que l’on retourne à l’école, Berthe. Tu crois que l’on peut en mourir?

— Nous, je ne sais pas, Josiane, mais la langue française, il y a des chances.


Alerte, livre infecté!

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