Le langage souteneur
Jean-Michel rêvait d’écrire une nouvelle qui aurait eu pour cadre un hôtel de passe. Un jour, les gens découvriraient la face plus sombre de Monsieur Barjabul. Cette obsession ne l’avait pas lâché depuis l’instant où il était revenu vivre chez sa mère, à vingt-huit ans, après une rupture amoureuse sans concession. Dix ans étaient passés depuis le retour à la case départ. Dix ans de vie commune avec une idée fixe, qu’il chérissait comme une compagne de substitution. Le problème n’était pas simple. Jean-Mi n’avait jamais écrit une fiction de sa main non plus qu’il avait franchi la porte d’une maison close. Il fut long à se décider à se mettre à l’ouvrage, des milliers de prétextes se battaient les uns avec les autres, l’empêchant d’avancer.
Ce matin-là, il se rendit à son travail et, comme chaque jour depuis la maternelle, il sécréta quelques larmes avant de franchir la porte de sa classe. À la récréation, il s’ouvrit de son aventure artistique irrésolue à son collègue informaticien:
— Je sens que je suis appelé à faire autre chose de mon existence. Je ne vais pas passer ma vie à donner des cours d’étude du milieu. Je vais écrire. Pour être plus précis, je vais écrire une nouvelle. Ça se passera dans un club… Ne me demande pas pourquoi, ça s’est imposé comme ça… Le plus gros du chemin est fait: un titre fait le trottoir dans la tête depuis ce matin. Le Night Paradise. Nous vivons proches de la route des bordels et je sais les lecteurs friands d’aventures locales. Je suis sûr que mon texte parlera à beaucoup de monde…
À peine prononcés, Jean-Mi regretta ses aveux presque forcés. Il en avait trop dit à Ferdi Rouchet. Ce dernier risquait de lui voler son plan de reconversion dans l’écriture. Dans un geste de folie, le professeur pointa son équerre sur la tempe de l’ami devenu rival malgré lui:
— Ne me parle jamais plus de ce que je viens de te livrer comme secret. Ne m’en parle que si je mets moi-même le sujet sur le tapis. Tu m’as bien compris? Je pourrais sortir de mes gonds, Ferdi…
Sur le chemin qui ramenait Jean-Michel chez sa mère, après l’école, toujours la même impression. Poursuivre une idée en étant soi-même suivi par quelqu’un. Il enfila un bermuda. Une marinière. Une paire de chaussettes plus légère sous les sandalettes de cuir. Agnès lui servit un café bouillant, qu’elle tempêta d’un nuage de lait, et touilla, incestueuse, dans sa tasse. Ce moment rappela à Jean-Mi la mort rêvée de sa maman, la nuit précédente. La messe de funérailles en l’église Saint-Guibert de Gembloux. “Maintenant que tu n’es plus des nôtres, maman, qui va me castrer?”, avait-il hurlé dans son sommeil. Agnès avait aussitôt couru à la couche de son fils pour s’assurer qu’il ne s’agissait là que d’un vilain cauchemar. Ils étaient, elle et lui, bien vivants, prêts à poursuivre une idylle qui n’aurait jamais lieu. En attendant, la pile de corrections lui rappelait les devoirs de son fils.
— Tu as ce qu’il te faut? Tu es bien pour corriger, là, no’ptit?
— Merci maman. Encore beaucoup de travail.
Jean-Mi se plongea dans la rurbanisation et le désenclavement par le chemin de fer. Des copies bien rédigées. Identiques et différentes à la fois. Résistantes au logiciel antiplagiat. La vague de travaux générés par l’intelligence artificielle ravageait l’enseignement. C’était pour ça aussi qu’il lui fallait changer de métier. Jean-Mi se trouvait un vrai talent d’enquêteur. Contrairement à ses pairs naïfs, lui savait pister l’indétectable et débusquer le faux. C’est à ce moment précis que l’idée s’introduisit chez lui. Il s’écria, en caressant Crosby, son bichon maltais:
— Mais que n’essaierais-je pas pour moi ce logiciel de Chat GPT pour ma nouvelle? C’est condamnable pour l’apprentissage, certes, mais c’est peut-être un bon engrais pour faire pousser les mots que j’ai en moi, mais qui peinent à sortir à la lumière du monde? Quitte à les arroser, une fois couchés sur le papier, de mon style, inimitable. “Je reconnais bien là la patte de Barjabul”, me disait mon professeur de français en rhéto. Je le tiens, Crosby, ce texte qui m’habite depuis des années, ce texte que je n’ai jamais écrit, ce texte qui me rendra ma dignité d’homme… Ce texte qui fera revenir celle qui du jour au lendemain s’est mise à ne plus avoir de rappel… On se comprend.
Jean-Mi songea qu’il avait été lui-même engendré grâce à l’insémination artificielle. Tout n’était donc pas à jeter dans les artifices. Et certainement pas l’intelligence. Son intelligence à lui venait de lui enjoindre de s’associer à la puissance d’algorithmes créateurs. Jean-Michel prévint sa mère qu’il ne fallait le déranger sous aucun prétexte. Il volait à l’étage en mode avion. Inutile de le solliciter pour le programme télé ou les croquettes du chien. Il allait se produire dans ses appartements un moment de pure magie qu’elle ne pouvait pas comprendre. Elle était une excellente mère, disponible, mais elle n’était pas née artiste. Ça sentait bon dans la maison. Les meilleures pizzas du monde. Des surgelées sur lesquelles Agnès avait l’art de rajouter quelques épices secrètes. C’était ça qui les rendait uniques…
Une poignée de minutes plus tard, Jean-Mi signait sa première nouvelle. L’émotion de voir le papier au teint pâle sortir du ventre de l’imprimante HP était grande. Le Night Paradise venait de naître le jeudi 15 juin 2023. Il était 17 h 32. La paternité du texte était discutable, comme souvent, mais cela, il ne l’avait pas inventé. Le moment n’en était pas moins solennel. La culpabilité céda la place à la conviction qu’il avait transféré à la machine une sorte de gestation pour autrui. L’idée du cadre spatiotemporel de la maison de tolérance était la sienne, et ça, personne ne pouvait lui enlever. Le titre aussi. Il se coucha dans la méridienne pour se laisser surprendre par ses mots. Il fut convaincu dès les premières lignes de la valeur littéraire de son écrit, qui se déroulait Rue de la Basse-Sambre à Sombreffe. Il se découvrit des talents de conteur. Les mots claquaient. Un grand texte. Mais le travail n’était pas terminé. Lui qui n’avait jamais mis le sexe dans un bouiboui, ni pipé mot avec une prostituée, se mit à craindre que sa prose ne manquât d’authenticité et que l’on criât à l’imposture. Qu’attendait-il pour se mettre à parcourir, en guise de calvaire, le chemin de l’inspiration à l’envers? Il pouvait maintenant tout oser puisque le texte était pondu. Il allait se rendre à l’académie d’amour pour vérifier la verisimilitude de son histoire.
Il enfila son complet bleu et descendit flanqué d’une serviette en cuir au sein de laquelle se logeait le sésame qui allait lui ouvrir les portes du bordel et de la gloire littéraire. Sa mère, perchée sur la chaise d’arbitrage qui trônait dans la cuisine, descendit pour embrasser son fils sur le départ. Hubert, le défunt patriarche, maître-nageur de son état, avait ramené, un soir de dérivation professionnelle, ce fauteuil d’une hauteur de six pieds, sur lequel il avait tutoyé, jusqu’au soir de sa mort, le lampadaire et les lambris, compagnie qu’il préférait aux échanges familiaux. Il avait surveillé de près les noyades d’aliments dans les assiettes et les conversations creuses de sa petite famille. À la mort d’Hubert, Agnès avait trouvé heureux de suivre Roland Garros sur ce fauteuil et, au fil du temps, il devint son siège permanent. Elle surplombait les intrigues de Candice Renoir bien tard dans la petite cuisine rustique de leur maison de pierres.
— La bonne soirée. On fait comme on a dit. Je ne pose pas de questions, no’ptit.
Jean-Mi disparut dans la Fiat Panda I. Il vérifia dans le rétroviseur qu’il n’était pas suivi. Quelques instants plus tard, le régent entrait dans son premier prostibule. Un grand pas pour l’homme. Quelle nuit de folie il s’apprêtait à vivre... Qui aurait cru que son changement de vie s’opérerait si vite?
— Bonsoir, auriez-vous quelques minutes à me consacrer? demanda-t-il à l’hôtesse d’accueil.
— Bonsoir, répondit une panthère des neiges à l’affût.
— Je viens pour une demande particulière. Voudriez-vous bien lire ce texte et me dire s’il vous semble authentique? Je vous paierai rubis sur ongle.
— Qu’est-ce que tu veux?
— Je viens pour que vous me disiez si mon texte est fidèle à l’univers des maisons de passe, milieu que je ne connais que de façon stéréotypée.
La jeune femme appuya sur un bouton dissimulé derrière un lit.
Rapidement, un ogre descendit d’un étage en maillot de corps.
— Un problème Lila?
— Un fou. Il veut que je lui lise un texte. Moi les pervers, j’aime pas ça. Tu me le dégages, Barnabé…
Le maquereau empoigna Barjabul et le cala de sa main gauche, à hauteur du cou, en vitrine.
— Qu’est-ce que tu viens foutre ici?
Au moment où Barjabul sentit la main maquerelle se dégager de son cou, l’on entendit comme un craquement de truite dégorgée. Ses cordes vocales se dénouèrent:
— Monsieur, je suis écrivain. Je viens vous demander une faveur. Ma dernière production se passe dans un bar à champagne, Le Night Paradise. J’aimerais l’avis de gens du milieu. 150 euros.
— 300 boules, rectifia le maître de céans, qui se tourna vers sa protégée:
— C’est quoi que tu as étudié, dans ton pays, Lila?
— La philosophie.
— Tu t’occupes de Monsieur. Vous allez au deuxième dans mon bureau. Tu prends les 300, je ne veux rien là-dessus. Je ne vois pas trop comment déclarer ça. Ça va paraître suspect. Tu t’appelles comment?
— Jean-Michel Barjabul.
— Tu es connu?
— Pas encore.
— Ton portefeuille: ici.
Barnabé en retira trois billets verts.
— Je te préviens Barjabul, tu lèves le petit doigt sur elle, je vous fais disparaitre ta Panda et toi dans un zoo pour carcasses. T’as compris?
— C’est entendu.
— Je n’ai quand même jamais entendu ça. On rentre dans mon boxon pour se faire lire un texte. C’est un bar à putes ici. Pas une boîte aux lettres. Je ne comprends plus rien à ce monde.
Lila précéda Barjabul dans l’escalier en colimaçon. Mille senteurs s’échappaient d’elle; elle rassemblait les continents et les époques. Elle synchronisait les odeurs contradictoires, les saisons, les décennies, l’intelligence profonde et la bêtise artificielle. Le musc, le vin, le tabac, le printemps 2023 et les années 1990 d’où elle était peut-être issue. On y goûtait tout: l’acide, le sucré, l’amer et le salé. Jean-Mi songea à son pécule de vacances en cash, jalousement gardé dans son portefeuille par l’entremetteur… Et si…
Lila déshabilla le texte. À n’en pas douter, à sa façon de regarder le papier, concentrée, on voyait que la prostitution n’était qu’une façade chez elle. Lila était une vraie intellectuelle. Le verdict tomba après une dizaine de minutes.
— Au risque de vous décevoir, Monsieur Barjabul, je dois avouer que ce texte ne m’a pas fait une forte impression. Vous voulez une recension objective ou vous venez chercher ma reconnaissance ? Se pourrait-il que vous attendiez des flatteries?
— Non. Où se trouve le problème?
— Le problème, Monsieur Barjabul, c’est précisément l’absence d’une vraie problématisation. Pour une nouvelle à thèse, c’est faible. Vous survolez des scènes osées, sans vous y attarder, comme si vous étiez assez mal à l’aise avec le sujet. À dire vrai, cela manque de finesse. L’orgie au Night Paradise n’y est pas articulée de manière convaincante alors qu’elle est symptomatique des jeux politiques qui se nouent autour de la figure du mâle dominant, dictateur de surcroit. Il faut, à mon sens, remuscler ce texte. Le toiletter ne sert à rien. Le problème est conséquent. Je peux vous proposer une correction détaillée plus tard dans la nuit, après mon travail. Ou demain, j’ai quelques heures de relâche.
— Oui, mais le style? Mon style? Qu’en dites-vous?
— Impersonnel. Sans vouloir vous décevoir, la maladresse stylistique est constante. Il y a plus. Le propos est gauchi par une idéologie captieuse. J’ai dû me nantir d’un acharnement certain pour vous lire jusqu’au bout. Je serais vous, j’abandonnerais l’écriture.
— Vous êtes toujours aussi cruelle avec vos michetons?
Lila se glissa alors sur les genoux de Jean-Michel:
— On peut en parler si vous voulez. Monsieur Barjabul, si je posais les yeux sur vous, comme le ferait une femme un peu trop familière… Regardez cette main courante qui file sur vos pages intérieures. Ce que je lis, c’est que ces mots ne sont pas votre propriété. Vous parlez ici un langage qui n’est ni familier, ni courant, ni soutenu. Un langage souteneur. Vos mots sont prostitués. Et croyez-moi, je sais de quoi je parle. Les mots vous travestissent… Ils changent de genre, comme de chemise unisexe, mais ils doivent générer un profit. Vous comprenez? C’est invendable, votre truc, c’est nul, Monsieur Barjabul.
— Au risque de ne pas vous décevoir, je n’ai pas écrit Le Night Paradise moi-même.
— Il me semblait bien.
— À quoi l’avez-vous remarqué?
— C’est sans importance. Vous faites quoi maintenant?
— Je vais rentrer chez moi.
— Si vite?
— Ma maman doit se demander ce que je fais. Et vous, vous ne feriez pas autre chose de votre vie? Vous êtes philosophe… Vous ne comptez pas changer de vie?
— Non.
— Ça ne vous pose pas de problème de conscience de travailler pour un proxénète?
— Barnabé Dierickx est plus qu’un vulgaire mac. C’est un ancien acteur de films de charme, qui a porté le genre à son paroxysme. Il a joué dans le film X le plus haut jamais tourné. Sur le dernier camp base de l’Everest. J’ai fait partie de cette mission. Tout allait bien, et puis il y a eu ce drame… Je nous revois encore. La scène de bivouac au seuil de la bande rocheuse avait été un franc succès. Le routeur météo avait donné son feu vert. Les nuages cachaient la timide moitié de lune au-dessus de l’arête sommitale. Le blizzard se levait. Nous étions indifférents aux engelures à nos pieds. Les porteurs d’altitude se rinçaient l’œil dans les cascades de glace. L’antécime nous attendait pour des plans rapprochés. Nous laisserions un cairn en forme de X pour la postérité, au cœur des neiges éternelles. Les prises dans les crevasses déguisées en faux sommets étaient juste anthologiques. On se réchauffait avec les bouteilles d’Arak. Entre deux mousquetons fixés, je croquais dans les morceaux de glace à la dérobée, poursuivie par les statistiques de la montagne croqueuse d’hommes, en qui je voyais ma doublure. Nous jouions avec nos corps là où les phalanges, les orteils, les oreilles, les bras, les jambes, l’âme et l’orgueil de tant d’alpinistes se retrouvaient dans la magie glaciaire d’un cimetière vertical. Monsieur Barjabul, nous touchions à la grâce absolue. Puis, juste avant la catastrophe, le fouet de la neige, les vertiges, le spectre de l’orage et l’avalanche imminente. Le début de la fin… Vous n’ignorez pas que, comme tous les professionnels du sexe, Barnabé avait souscrit à une police d’assurance particulière pour assurer son outil de travail. Vous surprendrais-je si je vous disais que son sexe était assuré à hauteur de plusieurs millions d’euros? Il se fait que cette matinée-là, Monsieur Barjabul, nous cheminions en cordées, nus comme des vers de neige, lorsqu’un éboulis a déferlé et est venu s’attaquer personnellement au bien le plus précieux de Barnabé. A commencé une bataille entre experts et contre-experts. L’édifice sur lequel il avait bâti sa carrière et sa réputation se lézardait. Un manque-à-gagner important pour la production. L’horreur, Monsieur Barjabul, l’horreur… Un mois plus tard, nous prenions, Barnabé et moi, quelques jours de vacances et de recul nécessaires sous les palmiers de Tahiti, loin de cette tragédie glaçante, lorsque le téléphone a sonné. Barnabé s’est entendu communiquer par son assureur le montant qu’il allait toucher… Il allait perecevoir grâce à son outil de travail plus que Pierre Perret en droit d’auteur avec sa chanson “Le zizi”…
— Vous vous moquez de moi, Lila.
— Vous voyez que c’est facile d’inventer des histoires. Il suffit de se lâcher, Monsieur Barjabul.” C’est pas tout ça, mais j’ai du travail, moi, maintenant. Si vous n’avez plus rien à ajouter ou à faire, laissez-moi travailler!
Lila précéda Jean-Mi dans l’escalier. Il admirait ses formes, découragé par son jugement implacable sur sa prose, mais fasciné par sa promptitude à discourir. C’est alors qu’une porte s’ouvrit au premier étage. Un homme se reboutonnait. Il se retourna. Nom de Dieu. N’était-ce pas là la tonsure et le collier porte-lunettes de Rouchet?
— Ferdi, qu’est-ce que tu fous ici?
La prostituée avec qui Rouchet venait de s’entretenir, sortit pour observer la scène.
— Comme toi! Tu te changes les idées? Il me semblait que tu étais noyé sous les corrections, attaqua Rouchet.
— Ce n’est pas ce que tu crois.
— Moi non plus en fait.
— Comment?
Jean-Mi lisait dans les pensées de son collègue. L’imposteur s’était décidé à lui voler son idée. Il l’avait pressenti. Il venait chercher de l’inspiration pour écrire sa nouvelle, à lui, sur le bordel.
— Ne me mens pas, Ferdi. Qu’est-ce que tu as fait?
— Rien de répréhensible légalement.
— Ne joue pas au plus malin. Quel est le sens profond de ta visite ici?
— Lâche-moi, Jean-Mi. Tu n’es pas bien.
— Non, je ne lâcherai rien. C’était mon idée, la nouvelle sur le bobinard. Comme par hasard, on se retrouve ici. C’est quoi ton plan? Si tu es un habitué du milieu, pourquoi est-ce que tu ne m’en as rien dit? Tu cachais bien ton jeu, salaud.
Lila se plaça entre les deux hommes.
— Arrêtez. Calmez-vous. Vous êtes bizarres, quand même…
— S’il est ici, Mesdames, déclara Jean-Michel, ce n’est pas pour vous, c’est pour me voler mon idée. Imposteur.
— Quoi, ton idée? Ah oui, ce dont tu m’as parlé ce matin? Le Night Paradise?
— Je t’avais dit de ne plus jamais me parler de ça… Comment oses-tu?
On entendit, à ce moment, Barnabé Dierickx hurler, d’une voix caverneuse:
— Tout le monde dehors!
Jean-Mi pensa alors à ce que Lila venait de lui dire. Il suffisait de se lâcher. Une force soudaine l’envahit. Il précipita son collègue du haut de l’escalier. Un instant plus tard, Rouchet gisait dans une mare de sang. Jean-Mi s’empara de l’attaché-case de Ferdi au sol et l’ouvrit.
— Saligaud, s’exclama Jean-Michel. Le Night Paradise. Je m’en doutais.