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Le sport, le meilleur et le pire de nous

Le sport en général et le foot — sport roi planétaire — en particulier restent, en 2023, la meilleure et la pire part de nous-mêmes et de nos sociétés. 

La meilleure? Le sport, c’est le partage, le collectif, le respect des autres et du fair-play et, malheureusement, l’un des seuls éléments “d’ascenseur social” pour nombre de minorités. Les terrains de sport sont souvent aussi parmi les rares endroits où l’égalité et la mixité sont de mise. Le temps d’un match, d’une compétition, au moins. “Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités”, disait d’ailleurs Albert Camus, passionné de foot et mesurant mieux que quiconque ce qu’on vit dans un vestiaire: les vertus et la nécessité du collectif, les valeurs humaines, l’échange, la capacité à donner le meilleur de soi-même. Mens sana in corpore sano.


La pire part de nous? Il suffit d’ouvrir les journaux pour voir à quel point le sport de haut niveau, aujourd’hui, est associé au racisme, à la corruption, au doping, à l’argent facile et opaque, mais aussi à la géopolitique de bas étage. Et pas seulement parce que la Coupe du monde a eu lieu au Qatar ou les JO d’hiver en Russie, dans un endroit où il ne neige pas. En Belgique, la plupart des clubs de foot professionnels sont dans les mains de riches étrangers venant de partout sur le globe et dont l’apport financier est souvent très peu transparent. Il suffit, aussi, d’aller dans un stade en Italie ou en Espagne pour constater amèrement que les cris de singe et autres insultes inacceptables sont monnaie courante. Souvent avec une impunité totale et quasi le “soutien” par défaut de la majorité silencieuse.

En fait, le football de très haut niveau draine tellement d’argent et si peu de contrôle, qu’il s’accompagne de tous les maux de la société. Dans un cynisme total de la plupart des acteurs de ce milieu extrêmement volatile, à part les athlètes et les spectateurs. Oui, les instances internationales, les oligarques, les puissants qui s’offrent une “danseuse”, une “arme” ou un “mégaphone” (parfois les trois en même temps) en achetant un club, jouent sur la passion aveugle des supporters, prêts à tout pour soutenir leurs stars.

Le patron de la FIFA a carrément installé son bureau au Qatar (de quelle autre organisation internationale accepterait-on cela?) en s’appuyant sur la montagne d’argent que représente une Coupe du monde, les États non démocratiques utilisent les compétitions sportives internationales pour leur image et/ou leur puissance, les investisseurs douteux profitent de la dérégulation importante du milieu pour placer leur argent en toute quiétude.

Mais il n’y a pas non plus de raison de désespérer de tout. On n’aurait jamais autant parlé des problèmes de droits de l’homme au Qatar sans la Coupe du monde. Et chacun d’entre nous peut décider de regarder ou pas, d’alimenter, ou pas, cette machine qui transforme du rêve et de la performance en cynisme indécent par son instrumentalisation.

Au niveau politique, de plus en plus de débats apparaissent, au moins au niveau européen, pour réguler davantage le milieu sportif et lui apporter davantage d’éthique. Un vœu pieux? Peut-être, mais pourtant, c’est une nécessité pour que ce qui est inacceptable ne soit plus accepté. Le combat peut sembler inégal, mais il doit à tout prix, sans jeu de mots, être mené.

Le sport, le meilleur et le pire de nous

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