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Prends

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Prends ma voix, père, ma langue

Ma peau, mes cheveux, mes habits

Enchaîne chacune de mes phalanges

Rassure-moi que ce ne sont que des bracelets que j’ai mis


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Des bras scellés, douleurs isolées

Père, dis-moi que je ne suis pas adopté

Que cette extension de moi-même n’est pas trop frisée

Qu’ébène n’est que ce que le soleil m’a laissé


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Nous sommes 321 millions de bâtards

88 nuances de brun

Adoptés malgré nous, cherchant lumière aux mitards

Alors, père, penses-tu que notre palette vive

Nous permettrait de dire que nous sommes uns


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