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Une vigilance de chaque instant

Deux Mollahs sont assis à flanc de montagne.

— C’est dingue comme tout a changé en 20 ans, lance le premier.

— Oui, sauf l’Afghanistan, répond l’autre.

Cette caricature, parue à l’automne dans un journal italien, résume malheureusement de façon pertinente cette espèce de retour au Moyen-Âge de l’Afghanistan après l’occupation occidentale, qui fait du pays un symbole bien négatif en matière de respect des droits humains en général et, donc, des différentes minorités. Avec cet énormité supplémentaire de voir évoquer les droits des femmes comme ceux d’une minorité.

On en est pourtant bien là au terme d’une « annus horribilis » en la matière et pas seulement autour de Kaboul. Le recul sur l’avortement aux USA, le sort peu enviable des travailleurs immigrés au Qatar, le triste sort des Ouigours en Chine, etc. La liste pourrait remplir un bottin téléphonique. Et notre Europe n’est évidemment pas exonérée partout et tout le temps, ni en matière d’égalité hommes-femmes, ni pour le respect de tous les droits.

Certes, depuis que l’homme est sur la terre, les inégalités, sexuelles, religieuses, ethniques ou autres, existent et il suffit de revoir une émission télé d’il y a trente ans ou de lire un journal des années ’50 pour mesurer, heureusement, l’immense chemin parcours, dans le bon sens, pour les droits des femmes, le recul du paternalisme, la liberté sexuelle ou l’avancée des droits dans nombre de pays.

Mais à quel prix, souvent ! Et sans que, nulle part, ces avancées ne soient inscrites dans le marbre ad vitam aeternam et acquises pour toujours. Il en va du droit des minorités comme de la liberté d’expression : c’est un combat sans fin, une lutte permanente, une vigilance obligée de chaque instant. Croire à la « fin de l’histoire » et au triomphe des démocraties parfaites dans un monde parfait, c’est vivre sur une autre planète.

Le 18 décembre dernier, lors de la cérémonie à l’occasion du  30e anniversaire de la Déclaration sur les droits des minorités à l’ONU. Si Volker Türk, le Haut-Commissaire, se réjouissait des avancées et des acquis en 30 ans, il ajoutait aussitôt : « Nous devons prendre des mesures urgentes pour veiller à ce que les normes juridiques internationales mises en place pour protéger les minorités soient appliquées pour tous les groupes minoritaires partout dans le monde. »

Un vœu pieux par rapport aux reculs constatés ci et là ? Non, un rappel de plus, tout simplement, que chaque citoyen, à son niveau, doit être éveillé par rapport au monde qui l’entoure. Près et loin de lui. Ça passe par l’éducation, l’information, la politique, l’engagement personnel et collectif, etc. Et aussi par la fiction qui éveille – ou réveille – les consciences. Il ne faut pas désespérer pour autant car des centaines d’exemples positifs montrent des avancées énormes en un siècle. À tous les niveaux. Mais la montée des populismes d’un côté et les enjeux financiers et géostratégiques de l’autre nous obligent à ne rien lâcher.

La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité, écrivait Camus dans ses Carnets. C’est plus que jamais d’actualité aujourd’hui, même si on aimerait ajouter un « s » à minorités.

Une vigilance de chaque instant

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