© Olivier Lovey
Virgile Elias GEHRIG
Depuis l’enfance, je suis fasciné par toutes les routes non prises, tous les carrefours qui rapetissent dans le rétroviseur, toutes ces voies et ces mondes ignorés comme des bourgeons gelés avant d’avoir éclos, ces voix et ces visages qui disparaissent, toutes ces ombres, ces vies blanches.
Depuis petit, je m’interroge sur les passants, femmes, hommes, feux follets, nymphes, lueurs qui passent à quelques mètres, derrière la vitre, vapeurs, voiles de buée, à portée, presque…
D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? Qui sont-ils ?
Depuis toujours, je passe ainsi mon temps à dérouler la pellicule de ces destins, à reconstruire, derrière mes yeux, une lanterne magique qui les fasse défiler, comme un enfant qui, toute une après-midi à la fenêtre de sa chambre, visage contre la vitre, regarde les lettres de la pluie qui tombent sur le jardin, sur chaque brin d’herbe, sur chaque grain de gravier, sur chaque feuille du figuier.
Écoutant, regardant, cherchant à déchiffrer.
Essayant de traduire.
De faire entendre ce qu’il entend, voir ce qu’il voit.
Né à Sion en 1981 d’un ovule suisse-allemand et d’un spermatozoïde valaisan, j’inspire, expire, transpire entre le lac Léman, le Jura et le glacier du Rhône. Licencié en Lettres de l'Université de Fribourg, j’enseigne le latin, la littérature et la philosophie au niveau secondaire.
Longtemps avant les voies de Jaccottet, de Guillevic, de Quignard et de Moresco, je suis entré en littérature par les voix de Brassens et de Ferrat, par la chanson à texte, la poésie mêlée à la musique, la voix rythmée, vivante.
J’ai toujours écrit à voix haute, et ne saurais faire autrement.
D’abord un recueil primé comme « coup de coeur de l'éditeur » au Prix Interrégional des Jeunes Auteurs 2001 (PIJA) :
Le Livre des vivants (poésie), Les Editions de l’Hèbe, Fribourg, 2001
Puis une trilogie qui, par les détours du roman, des aphorismes et de la poésie, explore le deuil, l'arrêt brutal causé par l'uppercut de la disparition, l'insidieuse suspension du temps qu'est le chagrin, le retour du désir :
Pas du tout Venise (roman), L’Âge d’homme, Lausanne, 2008
Soifs et Vertiges (aphorismes), L’Âge d’homme, Lausanne, 2009
Par la serrure du jour (poésie), lauréat d’une bourse et résidence d’écriture de l’Etat du Valais à Berlin, L’Âge d’homme, 2010
Pas du tout Venise, Poche suisse, Prix de la Fondation Gaspoz, L'Âge d'homme, 2014
Enfin, à la lisière du roman et du conte, comme une méditation sur la crise de l’identité, de la filiation et de la culture induite par le virage numérique, mon dernier roman retrace le destin d’un homme dont le visage s’efface et qui, devant la fin d’un monde, d’une civilisation, quitte tout, démissionne de sa vie.
Peut-être un visage (roman), lauréat d’une bourse et résidence d’écriture de la Conférence des Villes suisses en matière Culturelle (CVC) au Caire, L'Âge d'Homme, 2018
Lauréat de la bourse de création littéraire 2019 de l’État du Valais pour un projet romanesque provisoirement intitulé Les secrets du roseau, je m’y consacre actuellement.