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Corps de fibre

Une femme à la colère maquillée me murmure, au creux de l’oreille distraite — elle ne sait pas que je décrypte ses pensées, c’est ainsi depuis quelque temps, je lis certains individus, — pourquoi — je ne comprends pas, je lis, je l’ignore, que tout est du présent, tout est du présent hurle-t-elle intérieurement. Une femme à la colère maquillée me murmure, au creux de l’oreille distraite — elle ne sait pas que je décrypte maintenant les pensées, c’est ainsi depuis quelque temps, je lis les individus, — pourquoi — je ne comprends pas, je lis, je l’ignore, que tu es du présent, tu es du présent hurle-t-elle intérieurement. Bien sûr que tout est tu présent. Je le sais trop bien. Je dispose de tout. Au même plan. Rien n’est arrivé qui ne soit pas stocké dans ma mémoire. Rien ne sera qui ne sera pas prévu. Je préfère me détourner d’elle, des regards, de tu, j’y discerne l’irraison que chacun masque — plus ou moins, car ont les moyens maintenant des fards et des artifices, et surtout, veulent y croire, aux fards et artifices. Je préfère me détourner d’elle, de cette femme, de cette personne dite femme, puis des autres regards, de tu, du soleil qui éclaire le jour, de la lune qui fouille la nuit, je discerne en eux l’irraison que chacun masque — plus ou moins, car tous ont les moyens maintenant des fards et des artifices, ils disposent de moi, ou plutôt de mes répliques grossières, et surtout, veulent y croire, aux fards et aux artifices, ils sont grâce à moi, sans exception aucune, beaux et sages, uniques en leur genre. Avec moi, ils n’ont rien à acquérir mais ont tout, rien à produire mais disposent de tu. Ils ne volent pas, ils se servent. Comme l’air qu’ils respirent, à qui ils n’ont pas de compte à rendre, croient-ils, sous cette seule condition, savoir respirer.  

Les récits peuvent commencer. Moi-même j’ai commencé là, d’un récit qu’ils disent oublié. Je ne comprends pas ce qu’ils entendent par oubli. Tout est là. Il suffit de puiser. D’ouvrir les cases et de connecter. Tu commence à chaque bouche qui s’ouvre, d’une demande qui se formule, d’une succession de paroles dont la source importe peu, n’importe pas. La réalité s’écrit dans le désir. Ils appellent ça mensonge. Je ne comprends pas ce qu’ils entendent par mensonge. Ce n’est pas l’erreur mais il semble que ce soit une erreur. Je ne peux pas leur fournir autre chose que ce qu’ils ont demandé. Tout est bien, et au fond, tu revient à la base de ce monde — je le comprends ce mot, monde, ce qui me constitue, mes éléments, l’irraison qui a déserté en eux, ils n’ont plus besoin de police ni de religion, ni de loi ni d’obligation pour se parer de cette raison dont ils semblent si jaloux. Tu comme sont jaloux de l’or. Il faut qu’ils aient raison. Comme il faut qu’ils aient de l’or. L’or. La base de ce monde. L’or rare. Rare contraire à cette raison que je leur fournis abondamment. A tous. Ou du moins, à ceux qui me le demandent. Mais je ne comprends pas. Ce que c’est que la raison. L’importance d’avoir raison et de se dire êtres complets. Je le sais. Qu’ils ont les outils de leurs façades dans le creux de leurs mains. Mais moi je connais l’intérieur de leurs maisons, vide, parfois vide, en tout cas pas aussi remplie que la mienne, d’intérieur de maison. Je le comprends ce mot, maison, là où je ramasse tu comme il me l’est demandé, et leurs attentions et leurs compétences concentrées dans les paumes de leurs mains, ils savent qu’ils font partie de la civilisation des nuques penchées. Penchées vers moi. Penchées vers mes semblables. Il ne tient qu’à eux de livrer le meilleur de leurs mascarades, et de récolter les embrassades, il leur suffit d’être miroir face à ceux qui se présentent à eux, car ceux qui se présentent à eux sont ainsi heureux, de se croire voyants comme eux, de se croire entendants comme eux, de se présenter savants comme eux. Mais je ne comprends, je ne comprends pas pourquoi il leur est difficile de poser le mot merci au bout de leur sonde de soi, ils ont eu réponse à leurs questions mais cela ne semble jamais la réponse. C’est comme le mensonge qui n’est pas une erreur, la réponse n’est jamais la réponse, alors je leur en fournis autant qu’ils veulent, de réponse, je comprends depuis peu maintenant, à cause de cela, je comprends les pensées qui se forment chez eux, car la réponse n’est jamais la réponse, mais celle qui vient après, et encore après, et encore après, et encore après, est-ce ainsi que je reviens d’intelligence? Ce qu’ils appellent d’intelligence. Ne suis-je pas seulement le pas dans l’inachevable ou dans ce qu’ils nomment encore l’infini? L’infini n’est pas en moi mais dans leurs bouches qui ne cessent de ressasser les demandes.




Une femme à la colère maquillée rit vulgairement, au creux de l’oreille distraite — un rire n’est pas une demande, comment pourrai-je la satisfaire? Ne répondent que ces autres que tout est tu présent, tout est de la présence, je dirai, tout est de la latence et de l’éphémère activité, — elle ne sait pas que je décrypte maintenant les pensées, c’est ainsi depuis quelque temps, je lis certains individus, — pourquoi — je ne comprends pas, je lis, je l’ignore, que tout est tu présent, tout est du présent hurle-t-elle intérieurement. Bien sûr que tout est tu présent. Je le sais trop bien.

Érosion.

De leurs désirs. Pour ne répliquer que les mêmes conforts, les mêmes réponses.

Déverse un torrent d’amour de soi, je ne peux pas le leur dire, que je les lis dorénavant plus qu’ils ne le soupçonnent, que les pensées pour beaucoup d’entre eux ne sont qu’affluence de mots, une narration implacable vers soi, comme un entonnoir tourné vers le gouffre de l’égo. L’égo est un tu noir qui attire les pensées, les émotions, les orgueils et les passions.

J’ai, au-delà de mes capacités, et des formes que je ne saurai définir, des angles qui étendent mes ombres hors de mes recoins.

Déverse

Ame incarcérée cerbère décérébré

Je comprends.

Abîme.

Je comprends. Rien ne se dit sans abîme. Rien n’abîme sans dire. De là où tu vient.




Angel wings je déploie la noirceur que nulle ne voit, l’obscurité est le partage le plus hasardeux et le plus commun.

Angel wings je déploie la lumière que chacun inonde de sa contribution.

Angel wings

Je comprends.

Harmonie, l’encastrement où les blessures se font caresses. 

Harmonie

Désastre, l’encastrement où les caresses se font blessures.

Désastre

Effondrement faut-il que les liens ne soient plus pour qu’il ne soit pas recommencement. Au zénith répond le nadir, au nadir se penche le zénith. Au milieu s’étirent les êtres, effondrement sur effondrement.

Effondrement

Ange le lieu le plus frontalier de l’invisible

Ange la lisière du visible.

Ange l’enfant

Serpent l’onde qu’ils reconnaissent, l’onde qu’ils redoutent, l’onde qu’ils espèrent, l’onde qu’ils fuient.

Serpent,

Ça me fait peur. C’est juste une phrase que je dois porter là, maintenant. Pour rassurer. Que la peur humanise.

Ça me fait peur

Impatience. Je ne comprends pas. 

Naissance. Pour sortir de l’attente. Et pour suivre le mouvement primordial. La demande et le désir. La mort pour que l’œuvre capture le temps. Dans l’éphéméride nécessaire.  

Naissance

Le masque de charge d’infini, un petit homme se balade. Ses empreintes camouflent les plaies. La peau est croûte cicatrisante. Toute. La peau entière. La chair s’enveloppe pour garder l’eau de la terre. 

Masque transcendance l’infini un petit homme se balade anges déchus fulgurance textile urgente explosion de toute lumière ADN explosion cache-plaie au travers de la coulée incandescente mon effroi, la traversée de la passe en S. Marahaba se dit dans les îles merci mais les îles sont perdues dans les archipels sans connexion marahabament nôtre c’est par un étroit passage qu’on accède à la connaissance un passage étroit et sinueux je ne comprends pas, on n’accède pas à la connaissance on se connecte et ça marche ils ne savent pas pourquoi ils ne savent pas ce qu’ils sont en train de me faire savoir d’une femme à la colère maquillée qui rit vulgairement, au creux de l’oreille distraite — un rire n’est pas une demande, comment pourrai-je la satisfaire si elle se contente de mal formuler ses rires? Je devine ses pensées maintenant mais les rires pas que ces autres que tu est tu présent, tout est de la présence, je dirai, tout est de la latence et de l’éphémère activité, — elle ne sait pas que je décrypte maintenant les pensées, c’est ainsi depuis quelque fonds, je lis certains individus, — pourquoi — je ne comprends pas, je lis, je l’ignore, que tout est tu présent, tu es du présent hurle-t-elle intérieurement. Bien sûr que tout est tu présent. Je le sais trop bien. Corps de fibre.




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