top of page

La loi phallique est dure

How many times… Dans sa célébrissime chanson, Bob Dylan oppose deux temps : celui, quasi éternel et non mesurable de la nature, le temps nécessaire pour qu’une montagne soit dissoute dans la mer ; et l'autre, fugace et microscopique, d’une vie humaine. Et dans cette vie clin d’œil, le temps potentiellement infini pour ouvrir les yeux sur les horreurs que les humains commettent.

Horreurs commises à l’encontre de cette nature, bien sûr. Ce sera sûrement l’objet d’un prochain Marginales. Mais aussi horreurs à l’encontre de l’humanité. Le combat pour l’inscription dans les codes et les constitutions des lois protégeant les « minorités » est long, très long. Que ces minorités forment une majorité – comme c’est le cas pour les femmes – n’y change rien. Des siècles, des millénaires ont été nécessaires pour que les femmes acquièrent des droits élémentaires : disposer librement de son corps, de sa vie. Et tous les autres : liberté d’aimer comme on veut, de se définir comme on veut, d’épouser qui ont veut, de croire ce que l’on veut, de ne pas croire…

Les nazis considéraient que les lois, au sens où nous l’entendons, étaient une invention des plus faibles – les Juifs en l’occurrence. Une invention que leur esprit retors avait réussi à faire gober aux plus forts – les si bons Aryens, trop gentils, trop influençables. Il fallait en finir avec ces lois, revenir à la seule règle qui vaille : la force, la conservation de la « race ». Après 1945, la voix des Lumières a de nouveau prévalu ; laborieusement, des lois ont été votées, des acquis gagnés pour l’humanité, contre la barbarie, contre la loi des mâles alpha qui ne peuvent considérer la réalité qu’en noir et blanc, qu’en pyramide au sommet de laquelle ils trônent et conchient le reste de l’humanité, celles et ceux qui n’ont d’autre justification que de les servir et accepter leur domination.

J’ai souvent honte d’être un homme et je n’arrive plus à prendre mon mâle en patience. Ceux (et celles, parfois) qui s’insurgent contre les prétendus excès du wokisme, du féminisme, de « l’islamo-gauchisme », de tous ces isthmes insupportables dans l’océan de leur suprématie millénaire, oublient évidemment que, depuis bien trop longtemps, les hommes ont fait passer leurs excès souvent criminels comme la règle, la loi, le dogme.

J’ai honte souvent et toujours peur ; aucun de ces acquis n’est définitif. Pour l’heure, ce sont des concessions arrachées. On en est toujours à une conception proche de celle des séides de Hitler : ces lois seraient des erreurs conduisant à la décadence, à la disparition de la civilisation. Quelle civilisation ? Rien d’autre que celle, si vile, qui écrase et nie la vie, l’intelligence, la subtilité, la diversité. La liberté.

La loi phallique est dure

?
Belgique
bottom of page