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Petit Muzungu

Kigali, 1989

“La tortue de Floride aime les températures chaudes et se détendre au soleil”. C’est ainsi que Jérémy termina son exposé, debout devant la classe de deuxième primaire de l’école belge de Kigali, un papier tremblotant à la main.

— C’est très bien Jérémy. Tu peux aller t’assoir, lui dit la maîtresse.

Jérémy regagna rapidement son banc au troisième rang de la classe.   La classe était lumineuse et restait encore fraîche en cette heure matinale. Madame Christine continua la leçon.

— Après l’exposé de Jérémy sur les tortues, nous allons revoir les quatre saisons. Qui peut me les citer?

Christian et Adolphe levèrent les mains. Assis sur les bancs voisins de Jérémy, ils étaient ses deux meilleurs amis et les deux seuls ressortissants rwandais sur la petite vingtaine d’élèves de sa classe. Adolphe était à l’école belge avec son petit frère Napoléon. Leurs parents, rêvant de grandeur, leur avaient donné des prénoms de dictateurs européens, mais personne dans la classe n’y trouvait rien à redire. Christian, quant à lui, était l’aîné d’une famille de quatre enfants. S’ils venaient à l’école à Kigali, Christian, Jérémy et Adolphe habitaient tous les trois au camp militaire de Kanombe, dans la banlieu de la capitale, là où travaillaient leurs parents.

La maîtresse interrogea Christian. Peut-être était-ce en raison de son prénom, mais elle le préférait souvent à Adolphe quand ce choix se posait à elle. Christian rayonnait. Les saisons des blancs, des “muzungu”, le passionnaient.

— Le printemps, l’automne, l’été et l’hiver.

— C’est très bien Christian, répondit la maîtresse, mais l’automne est après l’été.

Christian acquiesça poliment avant de jeter un regard vers Jérémy.

— Ne me regarde pas comme ça, dit-il. J’aurais dit dans le même ordre.

Dans le trio, aucun d’entre eux n’avait jamais vécu l’enchaînement des saisons de Belgique. La petite saison sèche, la grande saison sèche, la petite saison des pluies et la grande saison des pluies. Celles-là leur apparaissaient communes, ancrées dans le quotidien. Les saisons belges passionnaient le groupe d’amis tant elles leur semblaient exotiques. Dans la cour de récréation, leurs conversations portaient régulièrement sur la consistance de la neige ou celle des manteaux d’hiver “gonflés”, aperçus dans le Paris Match de la maîtresse.

Kigali, 2024

Contrairement au reste de la ville, dont il ne reconnaissait rien, l’ancien hôtel Méridien semblait figé comme une photographie de l’enfance de Jérémy. Si la peinture de la façade de ce bâtiment de sept étages, tirant vers le jaune doré, avait peut-être été rafraichie, les dalles vieillies qui encadraient la piscine étaient bien celles qui avaient accueilli ses pas jusqu’au début de l’adolescence et son départ du Rwanda en 1994. Les petites paillotes en bout de piscine étaient également similaires à ce qu’elles étaient trente ans auparavant. Cela, Jérémy en était certain, car il avait emporté avec lui une photo qu’il conservait précieusement depuis son départ du Rwanda. On y voyait Adolphe, Christian et lui, assis tous les trois sur le bar d’une des paillotes. Le cliché avait été saisi sur le vif, sans mise en scène ou sourire forcé, et captait un moment furtif de leur amitié. Ils devaient avoir huit ou neuf ans. Adolphe s’était visiblement lancé dans une imitation, son visage espiègle étant marqué par un sourire intense et des yeux qui louchaient exagérément. Christian et Jérémy riaient en le regardant. L’hôtel, aucun d’entre eux ne le fréquentait vraiment, mais la piscine de celui-ci, ouverte à qui en avait l’abonnement, était leur quartier général. Jérémy se dirigea vers le bar de l’hôtel et demanda une table pour deux sur la terrasse.

Kigali, 1994

La maison de plain-pied était recouverte d’une crépis orange. Aucun bruit ni aucune lumière ne filtrait par les fenêtres et la porte vitrée. Adolphe, Christian et Jérémy feignaient la lecture, comme le papa de ce dernier leur avait demandé. Mais c’était comme si les mots se perdaient quelque part entre leurs yeux et leur cerveau. Jérémy recommençait la même phrase pour la quatrième fois, mais son attention était brisée par le bruit des balles venant de l’extérieur. Thomas, le papa de Jérémy leur avait bien dit que les tirs étaient lointains, mais ce n’était pas leur impression. Quand un coup de feu se marquait davantage, les trois garçons, qui allaient maintenant sur leurs treize ans, s’échangeaient un regard, avant de retourner à leur simulacre de lecture.

Ce petit jeu durait depuis maintenant une demi-heure quand Christian se décida à briser le silence.

— Les tirs se rapprochent.

— Je ne crois pas, dit Adolphe. Mais ils ne peuvent de toute façon pas être très loin. Le camp n’est pas très grand.

— Tes parents ont eu des nouvelles de nos familles? demanda Christian.

— Pas depuis hier, quand nos mamans se sont parlé au téléphone. Les lignes sont coupées maintenant, mais le plan était clair. Mon papa a donné les noms et adresses de vos familles à l’ambassade. Dès que les soldats belges ou français seront là, vous retrouverez vos familles. Ils les auront sans doute déjà récupérées avant d’arriver ici.

— C’est bien la Belgique, demanda Adolphe?

— Qu’est-ce que tu veux que j’en sache , dit Jérémy. Pour les vacances c’est pas mal. Et ce sera le printemps quand on y arrivera. On n’aura pas froid.

— Je voulais m’acheter un gros manteau, dit Christian, déçu.

— J’espère que nous serons tous revenus avant l’hiver, mais qui sait? dit Jérémy.

Kigali 1989

— Les garçons! Sortez de l’eau et venez prendre un goûter.

Joséphine, la maman d’Adolphe appelait les trois amis qui jouaient dans l’eau azur de la piscine de l’hôtel, assise à une table non loin de celle-ci, sous un parasol. Elle portait une robe colorée et arborait une longue chevelure de cheveux tressés.

— Encore une minute, maman! cria Adolphe.

Sur ce, il sortit vivement de l’eau avant de prendre son élan et de se jeter dans la piscine en faisant une bombe, éclaboussant Christian et Jérémy, qui criaient déjà vengeance. Celle-ci eut lieu quelques secondes plus tard alors qu’ils se lançaient à l’eau dans une attaque vaguement coordonnée sur Adolphe.

Sa maman finit par les rappeler à l’ordre et quelques instants plus tard, les trois copains étaient assis, serviette sur le dos, à l’abri du parasol, dégustant un biscuit maison et un jus de maracuja frais.

— Jérémy, tu n’oublieras pas de remettre de la crème solaire.

— Oui, Madame Joséphine.

— Tu peux m’appeler Joséphine, tu sais bien.

Elle les regarda manger leur goûter avec appétit. Elle était radieuse, ses cheveux longs tressés tenus par un chouchou d’un vert émeraude, semblable à celui du collier de malachite qu’elle portait autour du cou.

— La vie est tout de même étrange. Si on m’avait dit il y a 20 ans que moi, fille des campagnes, je prendrais le goûter au bord de la piscine d’un grand hôtel avec mon fils et ses deux amis, dont un petit muzungu, je n’y aurais pas cru.

— Jérémy n’est pas un muzungu. Il est rwandais comme nous! dit Adolphe.

— Ou c’est vous qui êtes des petits muzungu, dit-elle en riant.

Kigali, 2024

Christian arriva, avançant d’un pas assuré sur la terrasse de l’hôtel. Il portait une chemise bleue, lignée de blanc, et des lunettes de soleil. Jérémy le reconnut à l’instant où il les enleva pour scruter les quelques tables en bord de piscine. Il lui fit signe, se leva et l’accueillit en souriant. Ils se serrèrent la main, dans un geste un peu gauche, ne sachant pas quelle posture adopter après une si longue séparation.

Christian s’assit et respira profondément.

— Je ne suis pas revenu ici depuis cette époque. Celle de notre amitié.

— Je suis content d’avoir retrouvé ta trace, dit Jérémy.

— Pourquoi cette visite? demanda Christian.

Jérémy détourna le regard et prit une gorgée de son jus de fruits.

— On dirait celui qu’on buvait; celui que la mère d’Adolphe préparait.

— Ne la mentionne pas, Jérémy. Pourquoi es-tu revenu? demanda Christian froidement.

— Pour savoir ce qui vous est arrivé à toi et Adolphe après mon départ.

— Tu parles de ce départ comme si tu étais parti en vacances. Tu es bien oublieux de la manière dont tu nous as quittés.

Kigali, 1994

La nuit tropicale était tombée et la maison de crépis était plongée dans l’obscurité. Seule une petite lampe de poche brillait dans le couloir ou tout le monde s’était rassemblé. Sybile et Thomas, les parents de Jérémy, étaient assis contre le mur et regardaient en silence leur fils et ses deux amis qui s’étaient endormis à même le sol. Soudain, une clameur de verre et de métal, provenant de quelqu’un tambourinant violemment la porte vitrée, brisa le silence. Les enfants se réveillèrent en sursaut, clairvoyant par l’angoisse que déclenchait chez eux ce son à la fois familier et inhabituel. Sybille et Thomas se regardèrent alors qu’un nouveau tambourinement se faisait entendre, plus pressé.

— C’est le commandant Meunier. Nous sommes là pour vous évacuer. Ouvrez la porte!

D’un seul mouvement, tous se levèrent et quittèrent le couloir.

Kigali, 2024

Christian avait enlevé ses lunettes et fixait Jérémy droit dans les yeux.

— Je croyais notre petite clique plus solide, dit-il. À l’époque, on se disait pareil. Toi un peu rwandais, moi un petit peu blanc. Mais ce n’était qu’une illusion et tu l’as brisée sans regret.

— Je le pensais vraiment. Pour moi, vous étiez comme des frères, Adolphe et toi.

— La seule occasion où tu aurais pu prouver tes dires, c’était ce jour-là; et tu n’as rien fait.

Kigali,1994

Le papa de Jérémy ouvrit la porte timidement. Une lampe de poche l’aveugla aussitôt.

— Monsieur Steevens?

— Oui, c’est moi.

— Il faut partir, vous et votre famille.

Thomas ouvrit la porte entièrement. Le commandant Meunier devait avoir une petite trentaine d’années. On pouvait distinguer dans la pénombre sa barbe noire finement taillée.

— J’ai trois personnes à embarquer ici.

— Nous sommes cinq, dit Sybile. Nous avons renseigné à l’ambassade les amis de mon fils et leur famille.

Le commandant Meunier entra dans la pièce et balaya la petite assemblée du rayon de sa lampe de poche.

— J’ai ordre de n’embarquer que trois personnes. Désolé, mais les jeunes Rwandais doivent rester ici.

Thomas s’approcha du militaire nerveusement.

— Il doit y avoir une erreur. J’ai contacté l’ambassade et....

— Il n’y a pas d’erreur, Monsieur. Nous n’avons pas assez de ressources pour transporter tout le monde. Les Rwandais restent ici.

Sybile prit les mains d’Adolphe et de Christian dans les siennes et s’avança vers le soldat.

— Je ne partirai nulle part sans ces enfants! dit-elle avec fermeté.

Le commandant la fixa quelques instants, échangea quelques mots à voix basse avec un autre soldat, avant de se tourner vers le petit groupe.

— Très bien. Ils peuvent venir. Mais j’espère qu’il n’y aura pas d’autres surprises. Allez! On embarque!

Kigali, 2024

Jérémy et Christian se regardaient, silencieusement, mais le cri d’un enfant sautant dans la piscine vint rompre la trêve.

— Tu sais, dit Christian, à ce moment-là, j’y croyais. Je me voyais en Belgique, avec un de ces manteaux à boudins, dans le froid qui nous faisait rêver. Je nous voyais comme des frères. Mais c’était là les derniers instants de cette fraternité.

Kigali, 1994

Le camion dans lequel voyageait la petite troupe fendait la nuit, entouré d’un convoi de quelques véhicules militaires. Jérémy ne percevait rien de l’extérieur, mais il sentait le parfum de la nuit africaine et en distinguait quelques sons familiers. Le camion freina brusquement. Jérémy regarda ses parents, avant de poser les yeux sur Adophe et Christian, assis en face de lui. Il leur fit un petit clin d’œil. Soudain, la bâche du camion s’ouvrit, révélant le commandant Meunier et un homme, le père de Christian.

— Fils, Fils! Tu es là, s’exclama-t-il, voulant monter dans le camion.

Le commandant mit sa main sur sa poitrine pour l’empêcher d’avancer. Il tourna le regard vers Christian.

— C’est bien ton père?

Christian, qui s’était déjà levé, hocha de la tête.

— J’ai ici ses papiers. Ainsi que ceux de son ami, Adolphe. Nos familles restent ici et ils doivent rester avec nous. Tes parents sont avec nous, Adolphe. Ne veux-tu pas les retrouver?

Thomas se leva.

— Tu es sûr, Dominique? Nous pouvons les emmener loin de la guerre, pour un temps.

— Cela n’est pas nécessaire, Thomas. C’est une affaire rwandaise. Ce n’est pas la première et nous savons qu’il ne faut pas partir au premier coup de semonce.

— Je ne veux pas y aller, dit Christian. Je veux aller en Belgique.

— Fils, tiens ta place et sors de ce camion, dit Dominique.

— Je veux aller en Belgique! hurla-t-il

Le père de Christina se tourna vers le commandant.

— La colonisation ne vous a pas suffi, commandant? Vous nous volez nos enfants maintenant?

Le commandant se tourna vers Adolphe et Christian. Adolphe était figé, indécis.

— Mes parents sont bien avec vous? demanda-t-il.

— Je te le promets, répondit Dominique.

Christian regarda Jérémy. Celui-ci le fixa quelques instants, une esquisse de mot sur les lèvres, avant de détourner le regard.

— Faites sortir les enfants, dit le commandant Meunier.

Kigali, 2024

Christian but une longue gorgée d’eau avant de reposer le verre sur la petite table ronde métallique.

— La seule occasion où tu aurais pu faire une différence, c’était ce jour-là, dans ce camion, dit Christian. Tu aurais pu t’effondrer au sol, supplier tes parents, hurler, frapper ce stupide militaire. Mais tu nous as jeté un dernier regard, le même que celui qu’on accorde à une chose dont on a accepté la perte et qui ne nous manque déjà plus. Puis tu t’es détourné.

— J’avais à peine treize ans…

— Tout comme moi.

— C’était ton père! Qu’aurais-je pu faire?

— Peu importe! dit Christian avec colère. Tout ce que je voulais, c’est que tu pleures mon départ comme un frère.

— Qu’est-ce qui est arrivé à Adolphe? demanda Jérémy.

— Lui a tout fait pour me sauver.

Kigali, 1994

Dominique, le père de Christian, marchait d’un pas pressé avec son fils et Adolphe sur une piste de terre rouge, révélée par la lueur d’un feu situé à quelques dizaines de mètres. Il tenait la main des deux garçons fermement.

— Nous ne rentrons pas à la maison? demanda Christian.

— Ce soir est une fête, dit-il laconiquement. Nous allons voir quelques amis.

Des cris résonnèrent dans la nuit, provenant du feu dont ils s’approchaient rapidement. Plusieurs hommes étaient présents autour de celui-ci, parlant fort en faisant circuler une bouteille d’alcool. Adolphe finit par distinguer les machettes que plusieurs d’entre eux tenaient nonchalamment à la main. Il voulut s’arrêter, mais le père de Christian l’entraîna de plus belle.

C’est alors que lui et Christian distinguèrent le corps ensanglanté et dénudé d’une femme au sol. Il ne lui restait qu’un chouchou vert émeraude et un collier de perles de malachite qui reflétait la lumière vive du feu.

Adolphe reconnut sa maman et voulut prendre la fuite; mais le père de Christian retint fermement sa main.

— Ne te tracasse pas mon garçon, tu vas bientôt la rejoindre. Mais ne te fais pas trop d’espoir. Le ciel n’a pas de promesse pour les serpents comme toi!

Kigali, 2024

Les enfants avaient quitté la piscine pour ne laisser que l’un ou l’autre nageur solitaire sous un soleil couchant. Jérémy et Christian arrivaient au terme de leur discussion. Jérémy ne fixait plus Christian dans les yeux, laissant aller son regard sur les arbres qui bordaient la piscine et dont le feuillage vibrait au vent.

— Qu’est-ce que tu as fait? demanda-t-il?

Christian frappa violemment la main sur la table.

— Ce que tout ami digne de ce nom aurait fait! J’ai supplié mon père de nous laisser partir! Avec toute l’énergie que j’avais. Mais il ne l’entendait pas de cette oreille.

— Je suis désolé, dit Jérémy. J’ai souffert toute ma vie de notre séparation.

— Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi. Non pas pendant cette triste période où je ne pensais qu’à ma survie, mais après. J’ai pensé aux manteaux épais, à l’hiver belge, à la saison des pluies, au chouchou de la mère d’Adolphe, à la piscine et à nos rire. J’ai pensé à notre amitié pour me rendre compte qu’elle n’avait jamais existé. Les amis sont égaux. Jamais nous ne l’avons été. Je nous pensais un peu belges et un peu rwandais, toi comme moi. Mais au fond, vous n’étiez pas vraiment là. Tu as beau avoir grandi dans ce pays, tu n’étais pas rwandais. Tu es bien un muzungu. Peu importe l’endroit où tu te trouves, tu ne sais pas y être sans vouloir en emporter ou en changer quelque chose. Même la douleur de cette tragédie, tu as voulu la faire tienne. Mais en même temps, vous avez toujours gardé une distance de sécurité, prêts à partir si la situation tournait mal. Les amis ne font pas ça. Quand ce cauchemar a commencé, vous n’étiez plus là. Ni pour mourir avec nous, ni pour empêcher cette folie.

— Comment est mort Adolphe?

— En me sauvant la vie, à moi qui allais finir par lui prendre la sienne.

Kigali, 1994

Le père de Christian le frappa si violemment qu’il s’effondra au sol alors que Adolphe était maintenu genoux au sol par deux jeunes hommes qui ne devaient pas être beaucoup plus âgés que lui. Dominique brandit une machette vers son fils.

— Je jure devant Dieu que je te prendrai ta vie, mon fils, si tu ne te ressaisis pas!

Il releva Christian violemment, le traina devant son ami et lui fourra une machette dans la main.

— Débarrasse-nous de ce serpent! J’ai eu la mère, à toi le fils!

— Père, dit Christian sanglotant, pitié!

— Si tu ne le frappes pas, c’est moi qui te frapperai, dit-il en appuyant sa lame sur l’épaule nue de Christian jusqu’à ce que le sang sourde et que son fils hurle.

Christian se tourna vers Adolphe, machette à la main. Celui-ci ne pleurait plus. Il regarda Christian, lui sourit et lui fit la même grimace sur la photo prise lors de cet après-midi de piscine, louchant fortement avec un sourire franc. Christian lui rendit son sourire. Furieux, le père de Christian poussa son fils au sol et frappa violemment Adolphe de trois coups de machette.

— Dominique! Ton fils! crièrent des hommes, indiquant les abords sombres et boisés de la piste.

Quand il se retourna, Christian avait disparu dans la nuit, laissant à son père un cri de rage. Il s’élança à sa poursuite, mais jamais il ne le retrouva.

Petit Muzungu

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