— Immersive, montre-moi New York le matin du 11 septembre 2001…

— Je travaille à votre reconstitution.

C’était ce moment du réveil où tout semblait possible, où Jean avait le sentiment que son identité n’était pas encore fixée. Ce moment où il se sentait une simple conscience, sans souvenirs, blessures, lubies, attachements ou projets. Quelques minutes plus tard, il était éveillé et déjà en route pour son bureau dans un costume trois-pièces, un attaché-case à la main, au milieu d’anonymes dans une grande artère new-yorkaise. C’était un de ces matins où il ne se sentait sûr de rien. De son identité à son travail en passant par l’endroit où il se trouvait, tout lui semblait flou. Mais il marchait décidé dans une foule dense, bousculant de son épaule l’un ou l’autre citadin venant à contresens ou à l’allure ralentie par la lecture d’un journal ou la dégustation d’un café trop chaud.

Jean s’arrêta à une petite aubette pour prendre lui aussi sa dose de caféine. La bouillie noire qu’on lui servit dans un verre de carton à l’impressionnant gabarit lui confirma qu’il était bien en Amérique. Il s’empara du café et descendit les marches du métro voisin. Jean avançait avec la certitude des habitudes, mais il avait par moment l’impression de faire ce voyage pour la première fois.

Sur le quai de la station de métro, quelques personnes feuilletaient leur journal, tournant les pages nonchalamment à la recherche d’un titre qui attirerait leur attention. D’autres papotaient, mais la plupart se contentaient d’attendre. Jean aperçut son reflet. Dans la cinquantaine, il était rasé de près et ses cheveux courts, autrefois blonds, se faisaient rares et tiraient vers le blanc. Son costume indiquait qu’il était un homme d’affaires; un homme de bureau certes, mais haut de gamme. Une rame de métro apparut et freina bruyamment dans un mélange de crissements métalliques et de souffles pneumatiques. Jean s’y engouffra. Il trouva une place assise sur une longue banquette latérale. Son regard fut attiré par une jeune femme d’une trentaine d’années assise en face de lui. Elle avait les cheveux roses, un teint pâle, et portait un vieux t-shirt des Doors qui surmontait un jeans délavé. La jeune femme prenait ardemment des notes sur un calepin, observant les alentours avec avidité. Elle dénotait de la foule ambiante, comme détachée de celle-ci.

Elle descendit à la même station de métro que Jean. À la sortie, il sentit l’air frais de cette matinée de septembre lui caresser les joues. Il marchait derrière la jeune fille et crut deviner un halo de lumière autour d’elle quand elle fut éclairée par les rayons du soleil.

Elle s’arrêta, face aux tours jumelles du World Trade Center. Jean la dépassa, leurs regards se croisèrent et il crut voir un sourire en coin habiller ses lèvres. Il s’engagea dans la tour nord, prit l’ascenseur jusqu’au 102e étage, passa à travers un open-space où une ruche de cols blancs s’afféraient déjà devant des PC ronronnant. Il entra dans un bureau et, avant d’allumer son ordinateur, prit quelques instants pour s’approcher de la baie vitrée et profiter de la vue. Il n’eut pas le temps d’apercevoir l’avion qui alla frapper sa tour à 8 heures 46 quelques étages en contrebas. Tout s’enchaîna très vite. Le choc, le tremblement, le béton pulvérisé et les cendres qui assèchent la langue et masquent la vision. Quand l’air suffocant enleva tout espoir à Jean, il s’apprêta à sauter dans le vide. C’est alors qu’il l’aperçut. Une étrange montagne au sommet enneigé, massive et étendue comme si elle prenait tout son temps pour grimper vers le ciel, occupait une partie de l’horizon. “A Muntagna” pensa Jean. Mais que faisait-elle en plein milieu de New York? L’instant d’après, tout était terminé. Le vide emporta Jean. Ne restèrent que le sang, la poussière et la mort.

*

Lola suivait Camille, une médecin, à travers les couloirs qui ressemblaient à ceux d’un hôpital high-tech, aux murs blancs et aux parois de verre. Tout comme son hôte, Lola avait dû enfiler un tablier blanc et une bonnette dans laquelle elle avait dû péniblement rentrer sa longue chevelure blonde. Elles devaient avoir le même âge, dans la trentaine, mais la comparaison s’arrêtait là; si le teint pâle de la médecin trahissait qu’elle n’avait pas mis le nez dehors depuis des mois, Lola arborait sur son visage une kyrielle de taches de rousseur, signe des années qu’elle venait de passer à travailler la terre.

— Vous travaillez dans le maraîchage, c’est ça? demanda la médecin. Je vous admire. J’ai toujours rêvé de revenir à la terre. D’ailleurs, j’envisage régulièrement de quitter ce job pour me recycler. Mais avec les saisons imprévisibles, les vagues de chaleur et les inondations, cela n’encourage pas. Et puis, nous effectuons un travail passionnant ici, et tellement intense.

Elle se retourna vers Lola.

— Vous souhaitez voir votre père avant de récupérer ses affaires?

— J’aimerais beaucoup.

*

— Immersive, fais-moi vivre la guerre des tranchées sur le front belge.

— Je travaille à votre reconstitution.

— Jean, réveille-toi. On bouge.

Quand il ouvrit les yeux, Jean eut une hésitation. Une pensée émergea du vide. Un sentiment trouble lui indiquant qu’il était peut-être en train de rêver. Cette cabane de taule et de boue ne lui disait rien. Il se leva de la position inconfortable dans laquelle il venait, semble-t-il, de dormir à même le sol. Debout, il aperçut son reflet dans un petit miroir sale et fissuré, pas plus grand qu’une carte postale, qui était attaché au mur. Jean portait une moustache épaisse, une barbe naissante de plusieurs jours et il avait les yeux fatigués. Une petite lampe à pétrole éclairait le lieu. Un poste de soin, pensa-t-il, comme si la mémoire lui revenait. Il inspecta ses vêtements, le vert foncé de sa tenue, le casque encore posé au sol, et le brassard, autrefois blanc, qui arborait une croix, autrefois rouge. Brancardier, pensa Jean. Je suis brancardier.

Un jeune homme, brancardier militaire comme lui, vint le trouver, cigarette à la bouche et lunettes rondes sur le nez.

— Allez, grouille, Jean! Il y a du grabuge près de la rue de Bruxelles. Le docteur est déjà dehors.

— Je suis prêt, lâcha-t-il spontanément, tout en ramassant sa sacoche au sol. Tu es Antoine, c’est ça?

— Ben dis donc, mon vieux, t’es vraiment pas réveillé. Je te proposerais bien un café, mais on n’a vraiment pas le temps.

Jean et Antoine saisirent comme un seul homme la civière qui était posée contre le mur et ils sortirent dans la nuit. Des soldats faisaient la file dans une tranchée de terre et de bois.

— Laissez passer. Brancardiers! cria Antoine tout en dépassant la file. Les gars ont besoin de nous!

Ils marchèrent d’un pas vif, bousculant l’un ou l’autre soldat alors que le ciel nocturne s’illuminait des explosions du pilonnage allemand. Jean commençait à retrouver ses esprits.

— On va attaquer?

— Il semblerait, répondit Antoine. C’est pour l’aube. Mais pour l’heure, on doit aller récupérer des blessés d’une patrouille de nuit. Les lâches brancardiers sont à l’office.

Cette remarque évoqua à Jean le peu de considération dont ils faisaient l’objet auprès des officiers combattants. Tout cela lui semblait flou, mais il n’avait pas le temps de réfléchir. De tranchée en tranchée, Antoine et lui finirent par arriver à la ligne de front. Le docteur, un petit homme chauve à l’aspect sec, discutait avec un officier. Mais Jean fit à peine attention à lui, car il avait été frappé par la vision d’une infirmière, visiblement anglaise selon son uniforme, qui observait la scène. Elle semblait détachée de l’atmosphère lourde qui précédait le combat.

— Qui est-elle? dit Jean en la désignant à Antoine d’un mouvement de tête.

— Les Anglais sont peut-être impliqués ce soir, répondit-il d’un ton neutre.

Mais Jean et Antoine n’eurent pas le temps de continuer leur conversation. Le docteur vint vers eux, l’air pressé et grave à la fois.

— Messieurs, cela va être à vous. Trois membres de la patrouille de reconnaissance manquent toujours à l’appel. Et nous devons les récupérer avant l’attaque qui se prépare à l’aube. Ils sont blessés à une centaine de mètres, probablement dans un trou d’obus. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Ils se placèrent à la base d’une échelle de bois. Antoine compta jusqu’à trois à haute voix, avant de grimper l’échelle et de s’élancer à vive allure à travers le no man’s land. Avant de monter, Jean eut juste le temps d’apercevoir un détail bizarre de la chevelure de l’infirmière qui dépassait de sa coiffe: une mèche rose. Jean et Antoine couraient avec le brancard, cherchant désespérément des yeux le trou qui abritait les blessés. Les explosions illuminaient cette nuit sans lune. Ils les trouvèrent tous les trois. Si l’un était déjà mort — Jean l’avait vu tout de suite à la pâleur de son visage —, les deux autres étaient encore en vie. Le premier, ils le ramenèrent sans problème. Mais une fusée éclairante allemande vint compliquer le retour du deuxième soldat. La lumière vive aurait dû pousser Jean à courir de plus belle, mais il n’en fut rien. La lueur fantomatique révéla une montagne enneigée à l’horizon. “A Muntagna” pensa Jean. Mais que faisait-elle dans les plaines de l’Yser? Il n’eut pas le temps de terminer sa pensée qu’une balle le frappa en pleine tête. Le fracas cessa et ne restèrent que le sang, la poussière et la mort.

*

Lola et la médecin faisaient face à un mur blanc, alvéolé telle une ruche géante. Camille prit un casque à la visière opaque qui reposait sur une table.

— Voyez-vous, chez Immersive, nous créons des réalités virtuelles sans aucun précédent. Les utilisateurs se connectent avec un casque neuronal, comme celui que je tiens en main, et sont littéralement placés dans le monde virtuel. De l’extérieur, ils semblent dormir, mais ils ont l’opportunité de vivre, pour une somme modique, des aventures multiples dans des mondes à la saveur de la réalité. C’est tellement réel pour l’utilisateur que nous avons été obligés d’interdire les avatars à l’aspect physique trop différent du corps réel, tant le cerveau ne parvenait pas à assimiler un trop brusque changement d’image corporelle.

La médecin se dirigea vers un écran tactile et tapota quelques informations.

— Cependant, malgré les progrès de l’Intelligence Artificielle, les mondes virtuels générés par celle-ci gardaient un caractère un peu désincarné. Un manque d’affects, de passions, d’imprévus propres à l’humanité! La version 2.0 que nous nous apprêtons à lancer va venir tout révolutionner! Chacune de ces alvéoles contient un être humain connecté et mis en réseau avec l’IA. Les cerveaux de ces volontaires sont reprogrammés à chaque simulation pour donner corps, si vous me pardonnez ce parallèle, au monde créé. Votre père est en train de vivre mille vies! À chaque simulation de monde, il endosse un nouveau rôle, une nouvelle identité.

Une des alvéoles s’ouvrit et un cercueil de verre en sortit lentement. Lola s’approcha. Son père était là, complètement immobile, reposant dans une eau gélatineuse, entièrement nu si ce n’était le bonnet rempli d’électrodes qui lui couvrait le haut du crâne. Le cercueil était glacial et fumait au contact de l’air.

— Il n’a pas de respirateur! s’exclama Lola.

— Il n’en a pas besoin, lui expliqua d’une voix neutre son hôte. Il est placé en cryptobiose. Son métabolisme est extrêmement ralenti. Son cœur ne bat plus, mais le gel dans lequel il repose lui apporte l’oxygène et les nutriments nécessaires. Seul son cerveau est utilisé activement.

Lola le regarda quelques instants. Le visage de son père était impassible, fermé. Sa pâleur ne le différenciait pas de celui d’un mort. Rien dans ce corps nu et froid n’évoquait celui qu’elle avait aimé beaucoup, détesté parfois. Il aurait pu tout autant être dans du formol. Il avait donné son corps à la science, “loué” selon les termes du contrat, mais que lui restait-il?

— J’aimerais sortir, s’il vous plaît.

*

— Immersive, fais-moi vivre la bataille finale dans un monde d’Héroic-Fantasy.

— Je travaille à votre reconstitution.

Jean se réveilla en sursaut d’un mauvais rêve, mais à peine éveillé, il ne parvenait déjà plus en s’en souvenir. Car l’angoisse bien réelle de ces jours sombres l’avait déjà envahi. Couché à même le sol sur de froides pierres, il observa ses compagnons de route, ces fiers soldats à l’armure étincelante qui scrutaient l’horizon, par-delà le rempart de la muraille où il se trouvait. Le soleil d’aurore illuminait les heaumes de chacun. Des têtes flamboyantes, pensa Jean. Espérons que ce ne soit pas un mauvais présage pour cette tragique journée. Il se releva péniblement sous le poids de sa propre armure et aperçut dans une flaque d’eau le reflet de son visage fatigué. Oui, c’était le grand jour. C’était du moins ce que leurs messagers leur avaient signifié. Une puissante armée marchait sur eux. Ce serait le jour du dernier combat, la victoire des ténèbres ou de la lumière. Jean se retourna. Derrière lui, au-delà des maisons de bois et de torchis, la tour blanche s’élevait vers les cieux. Elle semblait éternelle. Puisse-t-elle le rester, pensa-t-il.

Soudain, le bruit sombre d’un cor ennemi retentit. Les rayons du soleil atteignirent la plaine qui entourait le château et révélèrent une armée gigantesque, marchant au son de cris rauques et de tambours battants. Lui et ses compagnons se figèrent. C’était ici que tout allait finir. Jean se sentait prêt à mourir pour défendre cette couronne qu’il respectait, protectrice de tout ce qu’il y avait de bon dans ce monde. Maintenant, il pouvait distinguer les corps décharnés des combattants ennemis et leurs sombres apparats. Il entendait leurs cris effrayants et leur langage sombre qui n’avait jamais été prononcé dans ces plaines. À en croire les livres, ces créatures effrayantes avaient autrefois été des hommes. Mais Jean ne devait pas y penser. Aujourd’hui, il devait diriger toute son énergie vers le combat et la victoire. Son regard fut attiré par une étrange guerrière, qui arriva sur le rempart par l’escalier non loin. La femme le troubla. Une chevelure rose dépassait de son casque. Et surtout, elle arborait un sourire, un sourire de fierté. Elle scrutait l’horizon avec un regard à la fois amusé et satisfait. Se rendait-elle compte de la situation? Jean n’eut pas le temps de continuer sa réflexion. Un cri strident retentit dans les airs alors qu’un immense dragon fondait sur lui et ses compagnons. L’ennemi était donc si puissant… Les flammes touchèrent Jean au premier passage. Brûlé dans la chair, souffrant atrocement, il sut rester debout, appuyé sur le bord du rempart. Alors qu’il relevait la tête, il eut le temps d’apercevoir une étrange montagne qui avait pris place à l’endroit même où se tenait l’armée ennemie. “A Muntagna”, murmura-t-il. Le dragon fit un nouveau passage et Jean ferma les yeux, terrassé par la douleur. Ne restèrent que le sang, la poussière et la mort.

*

Lola entra dans un bureau de verre et d’acier et s’assit face à la médecin. Une boite en carton était posée sur la table.

— Ce sont les affaires de votre père. Un peu d’argent, quelques effets personnels, dit Camille.

— Il en a pour longtemps?

— Votre père a signé pour cinquante ans. Mais nous ne pouvons garantir les effets des multiples programmations d’identités. Il ne restera sans doute plus grand-chose de lui. Il en a accepté les risques.

— Vous arrivez à dormir la nuit? demande Lola sèchement

— Pourquoi aurais-je des difficultés? Il nous vend un service. Et cet argent vous a été bien utile, si je ne m’abuse. Le marché est équitable.

— Tout ça pour un peu de divertissement…

— Regardez dehors. La planète ne cesse de s’effondrer. Du divertissement? C’est exactement ce dont les gens ont besoin.

Camille enleva la bonnette qui recouvrait ses cheveux et révéla une chevelure teintée d’un rose vif.

— J’ai une dernière question, dit-elle. J’ai testé plusieurs simulations associées à votre père. Celles-ci présentent une anomalie récurrente. Une étrange montagne apparaît.

Elle prit une photo imprimée sur laquelle apparaissait la montagne et la positionna devant Lola.

— Voici une capture d’écran d’une de ses dernières simulations. Cela vous évoque-t-il quelque chose?

Lola sourit. Elle savait ce qu’était cette montagne ou plutôt ce qu’elle représentait.

— Ce n’est pas une montagne, mais un volcan, l’Etna. C’est là que mes parents se sont rencontrés.

Lola, toujours souriante, ne donna guère plus d’explication. Elle prit la boite qui contenait les quelques affaires de son père et se dirigea vers la porte, avant de se retourner.

— Il est toujours là, vous savez. Cinquante ans à ce régime n’y changeront rien.

*

Sicile, 2002

La petite Fiat Panda avait déjà fait l’équivalent de quatre fois le tour de la terre, comme l’indiquait le bruit de son moteur cahotant alors qu’elle gravissait la route sinueuse vers le refuge Sapienza située à plus de 1900 mètres d’altitude sur l’Etna. C’était le mois de décembre. Dans la plaine de Catane, les températures étaient encore douces et Jean n’avait pas anticipé la chute de neige abondante dans laquelle il se trouvait maintenant. Trois fois, il avait eu l’occasion de faire demi-tour, et trois fois il avait fait le choix, instinctif, de continuer son ascension. Peut-être aurait-il dû continuer à siroter sa bière au marché aux poissons de Catane. Petit Belge en séjour professionnel en Sicile, c’était sa seule fenêtre pour visiter “A Muntagna” comme on l’appelait ici. Il avait prévu une petite randonnée qu’un habitant lui avait conseillée. Mais quand il sortit de sa voiture, péniblement garée dans dix centimètres de neige fraiche, il fut frigorifié. Il n’avait qu’un léger imperméable au-dessus de sa chemise et le seul chemin qu’il réussit à prendre fut celui du bâtiment qui abritait un bar et une boutique de souvenirs. Trempé par la neige et le visage rougeoyant, Jean perçut les sourires amusés quand il entra dans le bar. S’il avait fait attention, il aurait pu repérer ce murmure — “minchia” sur la bouche du barman qui l’observait en ricanant, mais il ne vit que Mélodie, buvant un café accoudée au bar, ses cheveux châtains et ses vêtements légers, trempés tout comme les siens par la neige. Leurs regards se croisèrent, un sourire se dessina sur leurs lèvres et leurs destins furent scellés. Ne restèrent que ses yeux noisette, leur cœur battant la chamade et la vie, imprévisible et belle.

Nicola DA COSTA

Ses contributions