Été 2024
78e année
Sommes-nous vraiment les membres sensibles de ces « foules sentimentales » assoiffées d’idéal que chante Souchon ? C’est si doux d’y croire : vous et moi, pleins d’empathie pour les malheurs du monde, prêts à secourir toutes les victimes, à agir pour sauver l’humanité des nombreux désastres qui la menacent, tels le colibri et son offrande infime mais indispensable… Vraiment ?
Ne sommes-nous pas plutôt friands de ces « putaclics », ces appâts qui parsèment la toile, jusque sur les sites des quotidiens les plus sérieux, et à l’appel desquels nous cédons, alléchés par la découverte d’horreurs, de difformités, de disgrâces dont sont frappées des personnalités en vue ou des personnes anonymes ?
Attirés par les étoiles, par des « choses pas commerciales » qui répondent à nos désirs les plus généreux, ou par les trous noirs qui nous aspirent et comblent nos aspirations les plus sombres ?
Miroir, mon beau miroir, quel reflet dit la vérité ? Sauverons-nous le monde ou nous battrons-nous pour décrocher les meilleures places au spectacle de sa ruine ? Nous prend-on pour des cons ou démasque-t-on, par nos clics sur des posts puants, l’imposteur qui jamais ne sommeille en nous, toujours alerte, toujours prêt à médire et maudire ?